Un premier roman coup de cœur pour Clara Héraut, le nouveau Christelle Dabos et tout ce qu’il faut lire en mai
Le concours Hachette romans "Nos Futurs", centré sur l’engagement, a sacré Clara Héraut pour un livre puissant sur l’amitié et le consentement. Elle est au cœur de notre sélection littérature jeunes adultes pour ce mois de mai 2023.
Publié le 02-05-2023 à 17h20 - Mis à jour le 02-05-2023 à 17h39

Autant prévenir d’emblée, Nos plus belles années (*****) est un roman qui parle de viol. Il y est aussi question de bizutage, de foyer que l’on quitte, de parents inégalement à la hauteur du job, de privilèges, de FOMO, d’asexualité, de fêtes, des masques que l’on forge par désir d’appartenance. C’est un premier roman dense, qui cache presque son jeu sous le récit superbement fluide de premiers mois de vie estudiantine. Une boule de fraîcheur qui ne semble même pas réaliser que son traitement de la question du consentement marquera.
Histoire de filles
Mais si l’on remonte à l’essence de ce que Clara Héraut a voulu y mettre, c’est avant tout un roman sur l’amitié féminine. "La première image que j’ai eue, c’est celle de deux filles. Je ne savais pas encore vraiment de quoi ça allait parler, mais j’ai vu une amitié. Une amitié de longue date où on n’a plus forcément de points communs, mais où on a tant vécu ensemble que le lien reste fort", se souvient l’autrice. Ces deux jeunes femmes, Ambre et Jade, ainsi que l’histoire qu’elles portent, vont pousser l’étudiante en sciences politiques à boucler le manuscrit et le soumettre au concours Nos Futurs.
Le lecteur rencontre les deux amies à Lille, en train d’emménager dans leur colloc, à la veille de leur entrée dans le supérieur. On leur avait promis leurs "plus belles années". Elles pensaient que c’était là que commençait l’avenir. L’une avait un plan, l’autre acceptait de se laisser porter. "Je me souviens qu’avant le bac, j’avais l’impression que j’allais faire le choix de ma vie puis qu’après ça allait être simple, confie Clara Héraut. Mais j’ai au contraire eu l’impression d’avoir perdu ma voix intérieure dans ce tourbillonnement où le temps passe si vite, entre l’intégration et les études."
Culture du viol
Dans ce tumulte, Jade et Ambre vont rencontrer Léo, il sera tour à tour un crush, un fêtard hautain, un gars ultra-populaire, un élève consciencieux, un petit ami, un pote, un violeur. "Petite, je pensais qu’un viol c’était forcément violent, un inconnu, une ombre dans la rue. Mais quand on regarde les chiffres, on sait que ce sont souvent des proches. L’ombre, c’est une personne avec une tête, une vie, des amis."
La cruauté de cette réalité va s’inviter dans cette amitié si juste, car vacillante, imparfaite. Elle va séparer et renouer, sur fond de déni, de système ébranlé par les #meetoo et #sciencesporcs, mais toujours bien vivant et de réflexions sur la place de la victime. On est tentée de dire que c’est un manuel sur le consentement d’utilité publique, une potentielle bouffée d’air pour les jeunes femmes concernées, mais c’est aussi bien plus que ça, à commencer par de la jolie littérature.
Clara Héraut, "Nos plus belles années", Hachette roman, 432p. 15 ans.