Sophie Loubière: " On ne dirait plus ça aujourd’hui ! "
Auteure de polar reconnue, Sophie Loubière a retravaillé un de ses tout premiers textes. Pourquoi et comment.
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Publié le 21-04-2023 à 09h28 - Mis à jour le 21-04-2023 à 09h29
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C’est un village de vacances comme les autres, sous le soleil de la Vendée. Cat compte bien profiter de cette parenthèse avec ses deux enfants. Elle s’y fait très vite une copine, une maman solo comme elle. Et n’est pas insensible au charme du veilleur de nuit, avec son air d’Harrison Ford. Ces deux semaines s’annoncent parfaites.
Mais dans cette atmosphère faussement relax, des ados disparaissent, puis réapparaissent, certains traumatisés. Il y a des courses de voitures sur la plage qui finissent en de spectaculaires amas de tôles froissées, des petits trafics la nuit d’une bande de jeunes à vélo… On y croise un photographe pas très net, un mystérieux veilleur de nuit amateur de mots croisés, des ados qui jouent aux grands pour un polar addictif à la fin particulièrement surprenante.
70% polyester
Ce Dernier parking avant la plage, Sophie Loubière l’a déjà publié en 2003. Vingt ans plus tard, à l’occasion de sa sortie dans une nouvelle maison d’édition, elle a décidé de le retravailler. Parce que dit-elle, à l’époque, elle avait été pressée par son éditrice de rendre son texte,
"On avait du retard et on n’avait pas eu le temps de bien le travailler. Il y avait des dialogues qui n’étaient pas aboutis, des effets de style qui n’étaient pas très bons, des descriptifs trop appuyés. Notamment concernant les vêtements". Elle sourit: un sacré chapitre, les vêtements. "J’avais besoin de visualiser les personnages, explique-t-elle. Je les habillais littéralement comme on habille une poupée Barbie ou Ken. C’est-à-dire que j’avais mon catalogue des 3 Suisses à côté de mon ordinateur et je décrivais la tenue vestimentaire de chaque personnage à chaque qu’il arrivait. Mais jusqu’à donner le pourcentage de polyester dans le pantalon ! A l’époque, ça avait beaucoup intrigué les journalistes qui avaient trouvé ça formidable parce que pour eux ça voulait dire quelque chose. Que c’était gonflé ou que l’auteur avait certainement dû travailler dans la mode… Mais non, c’était juste maladroit (rire)".
Par contre, elle n’a pas voulu toucher au fond: pas de téléphone greffé dans la main des ados, par exemple. Et pas de lissage politiquement correct bien d’aujourd’hui. "Il y a une phrase à laquelle je n’aurais jamais touchée et qui est symptomatique de l’époque. Quand des jeunes se présentent à l’entrée d’une boîte de nuit, le videur qui dit"Ah non pas plus d’un Arabe à la fois !". Cette phrase-là, si je la mettais dans un bouquin aujourd’hui, ça serait plus compliqué, avec mon éditeur, de l’imposer. Mais je trouvais important de la laisser parce que pour moi, c’est très symptomatique de la manière dont, en France, les maghrébins étaient accueillis à l’entrée d’une boîte de nuit." Si ça a changé, ce n’est pas le débat. Mais en tout cas, "on ne le dirait plus comme ça aujourd’hui".
Et comme pour ses autres livres, la musique est très importante. On vous recommande chaudement en parallèle de la lecture l’écoute de la playlist dédiée au roman sur le compte Spotify de Sophie Loubière.
Sophie Loubière, "Dernier parking avant la plage", Phénix Noir, 356p. Elle sera présente avec une belle brochette d’auteurs de romans noirs lors du salon "Iris Noir, c’est dans la poche", ces samedi 22 et dimanche 23 avril à la brasserie Le Miroir à 1090 Jette. Infos www.irisnoirbxl.com et 0494 30 31 27.