Lize Spit : A onze minutes de la catastrophe
Une histoire qui mêle suspense et petits détails de la vie d’un couple qui sombre peu à peu dans la folie. Le deuxième roman de Lize Spit. Addictif.
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Publié le 22-03-2023 à 09h00 - Mis à jour le 22-03-2023 à 10h52
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Le téléphone est sur silencieux et Léo n’entend pas les appels paniqués de sa meilleure amie Lotte. Nous, lecteur, on sait qu’il lui reste onze minutes pour "empêcher l’irréparable".
Le deuxième roman de l’auteure d’origine anversoise Lize Spit se passe à Bruxelles, où elle vit. Il alterne courts chapitres qui mènent à cette catastrophe et flash-back qui nous font prendre conscience de son ampleur possible. Un mélange de récit nerveux au présent et de l’histoire lente et tortueuse du délitement d’un couple sous l’effet de la folie.
Elle, c’est Léo. Ex étudiante en cinéma et vendeuse dans un magasin de vêtements pour futures mamans, en attendant que ses grands projets se réalisent. Lui, c’est Simon, graphiste hyperdoué. Ils ont en commun un passé compliqué et, depuis dix ans, une vie de couple fusionnel. Jusqu’à ce que Simon rentre un soir avec un nouveau tatouage. Son comportement se met à changer et il devient petit à petit complètement paranoïaque. "Je voulais raconter une histoire d’amour avant tout, dit l’auteure de 35 ans. Je voulais poser la question de savoir jusqu’où on peut aller par amour. Peut-on aller jusqu’à se perdre soi-même ? Comment ça se passe pour la personne qui aime celle qui souffre ? Parce que finalement, il y a comme une troisième personne dans leur relation de couple: Simon change tellement, que la maladie, c’est comme l’arrivée d’une troisième personne".
Son premier roman traduit en 16 langues : 250 000 exemplaires vendus
La vie d’une personne bipolaire, les traitements, les hôpitaux psychiatriques, elle a connu de près avec un proche concerné. Elle ne raconte pas pour autant sa vie, histoire de "protéger la mienne", dit-elle. Elle s’est pas mal renseignée sur les traitements, les effets secondaires des médicaments en traînant sur des forums, en échangeant avec des malades, leurs proches, des médecins… pour "aller au fond des choses": "Des psychiatres m’ont dit que c’était très réaliste. Ca me touche parce que c’était important pour moi."
Humour noir
Ca a l’air un peu rude comme histoire, racontée comme ça. Et pourtant on rit. Et souvent. Lize Spit a cette manière de décrire le quotidien, les petits détails d’une relation de couple qui parlent à tout le monde. C’est plein d’humour, d’ironie, d’images… de quoi faire passer des événements tragiques pour une comédie noire.
Le premier roman de Lize Spit, Débâcle (2016) traduit dans seize langues et vendu à 250 000 exemplaires vient d’être adapté au cinéma par Veerle Baetens. Un troisième, De Eerlijke Vinder est sorti en néerlandais mais pas encore traduit.
+ Lize Spit, "Je ne suis pas là", traduction par Emmanuelle Tardif, Actes Sud, 512p.