La fin d’Olive, un samouraï petit mais costaud, Marco Galli : nos 9 coups de coeur (ou de griffe) BD du jeudi 16 mars 2023
Le jeudi, c’est le jour de notre sélection bande dessinée. Avec, cette fois, une love story fantasmée, un thriller russe et même la Tour Eiffel. Entre autres plaisirs. Bonnes lectures. Des chroniques à retrouver, aussi, dans La Librairie de L’Avenir, bien sûr.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AYSFUQVV7BCXXA6XX7DOU3CHZY.jpg)
Publié le 16-03-2023 à 09h00
:focal(399.5x302.5:409.5x292.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VQ4URTURRRDU7HM6HR6O4GFBVI.jpg)
1. Un amour suspendu
Les mots de l’éditeur

Ils ne se connaissent pas. Ils ne se sont jamais vus.
Elle, vexée et affligée par le manque d’investissement de son compagnon dans leur vie de couple, vient de mettre fin brutalement à leur histoire. Lui, se reprochant d’être froid et de manquer de sensibilité, craint plus que tout de ne jamais parvenir à tomber amoureux.
Les désarrois de nos deux héros vont se rencontrer le long d’une plage.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : AMOUR
Un “huis clos” en plein air dans lequel les deux protagonistes nous rappellent la beauté d’une rencontre et de toutes ses promesses. Un temps suspendu, donc, que la romancière Pilar Pujadas, qui signe ici sa première bande dessinée, a parfaitement su capter pour son ami Luc Peiffer, un dessinateur longtemps resté en “jachère” (il a fondé son agence de communication et bossé dans le marketing) et qui montre que le temps n’efface pas le talent. Une jolie partition commune, heureuse et amoureuse.
KENNES | Pujadas/Peiffer, 72 p., 19,95 €.
2. Olive (T.4/4)
Les mots de l’éditeur

Olive, c’est l’histoire d’une fille de 17 ans, très timide et renfermée mais à l’imagination débordante. Un jour, dans le monde onirique qu’elle s’est créé au fil des années débarque Lenny, un spationaute blessé et malade. Que fait donc cet homme dans son espace réservé où personne n’est jamais invité ?
Olive est encore plus perturbée quand elle se rend compte que Lenny existe vraiment dans la vie réelle et que la capsule qui le ramenait d’une mission spatiale s’est écrasée quelque part sur terre. Mais personne ne sait où précisément.
Avec l’aide de Charlie, sa nouvelle compagne d’internat très extravertie, Olive va devoir se faire violence pour sortir de sa zone de confort et partir à l’aventure pour tenter de sauver la vie de Lenny.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : MAGNIFIQUE
Suite et fin du périple d’Olive, et de cette série venue parler de la différence à travers cette jeune femme en décalage, capable de s’isoler dans ses mondes intérieurs et ici à la recherche de l’astronaute qui a fait irruption dans ses rêves.
Magnifique jusqu’au bout. De la vraie belle BD populaire.
DUPUIS |“Retour sur terre”, Mazel/Cazot, 56 p., 12,95 €.
3. Filles de lune
Les mots de l’éditeur

Tia a quatorze ans et vit temporairement chez sa tante et sa cousine suite à la mystérieuse maladie contractée par sa mère. Un trouble inquiétant, qui n’est pas sans risque pour la jeune fille, car les maux transforment sa mère et la rendent hostile, parfois même envers sa propre famille.
Tia peine à espérer que les remèdes que son père administre à la femme qu’il aime auront tôt ou tard un effet. Mais un jour, le problème prend une tout autre dimension : à la suite d’une crise de sa mère, ses parents semblent disparaître.
Elle n’a d’autre choix que de se lancer dans un voyage sans certitude vers le désert rouge à la recherche d’un remède qui n’existe peut-être pas.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : PAVÉ
Sur une thématique difficile (la folie d’un parent, sa perte irrémédiable), voilà une odyssée initiatique et fantasy diablement séduisante, enrichissante. Un sacré pavé qui s’avale d’une traite et révèle l’incroyable talent, aussi spectaculaire qu’émotionnel de Greta Xella.
DARGAUD | Xella, 256p., 19,99€
4. Issunboshi
Les mots de l’éditeur

Dans un Japon féodal où le mythe et le folklore sont réels, un démon décide de reforger une arme ancienne très puissante pour conquérir le monde. La légende dit que seul un véritable guerrier sans peur pourra l’arrêter.
Au même moment, sur une autre île, naît Issunboshi, un jeune garçon d’à peine quelques centimètres de haut. Malgré sa petite taille, il suit l’entrainement pour devenir samouraï. Et si c’était sur ses petites épaules que reposait le sort du monde ?
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : FABLE
Venu de l’animation ciné, Ryan Lang adapte pour sa première BD un conte que tous les petits Japonais ont entendu. Celui d’Issunboshi, un Tom pouce nippon qui montre que ce n’est pas la taille qui compte…
Une fable universelle sur le courage, servie par de modernes dessins noir et blanc.
LE LOMBARD | Ryan Lang, 200 p., 21,50€
5. Le fil de l’Histoire raconté par Ariane et Nino – La Tour Eiffel
Les mots de l’éditeur

Nino ne comprend pas qu’Ariane perde du temps à faire un château de cartes : c’est tellement éphémère ! Mais sa grande sœur lui explique que de rêves d’éphémère naissent parfois des légendes éternelles. Par exemple la Tour Eiffel, voulue comme une prouesse technique censée créer l’événement lors de l’Exposition universelle de Paris, en 1889…
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : PRÉCIS
30eépisode de cette collection et Ariane&Nino n’ont pas fini de dérouler le fil de l’Histoire. En s’attaquant à la géante de fer parisienne au format mini, Fabrice Erre et Sylvain Savoia sont toujours maxi-précis et dévoilent une foule d’infos pour intéresser les petits comme les grands. L’air de rien.
DUPUIS | Erre/Savoia, 42p., 6,90€
6. Féroce (T.2/2)
Les mots de l’éditeur

Sur le territoire du kraï du Primorié, en Extrême-Orient russe, près des frontières de la Chine et de la Corée du Nord, un tigre de Sibérie blessé par un braconnier se consacre à la chasse à l’homme. Non par faim mais plutôt par vengeance, il peint du sang de ses victimes la taïga sibérienne. Ni les brigades forestières contrôlées par la mafia sino-russe, ni les agents du Centre du Tigre de l’Amur, ni les groupes environnementaux ne sont en sécurité lorsque l’Amba, l’esprit des forêts, part à la chasse.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : IMPRESSIONNANT
Oui, la BD peut rivaliser avec le ciné ! Dans ce survival polaire et sauvage, avec un soupçon d’écologie et de faits réels, ces Espagnols envoient du pâté pour… tigre dans cette Russie vérolée par la corruption. Pas le temps de s’attacher aux héros, on ne sait qui restera à la fin. Impressionnant.
GLÉNAT | Muro Harriet/Macho, 56p., 14,95€
7. Une saison en Éthiopie
Les mots de l’éditeur

Karim et Vincent sont correspondants de presse à Addis-Abeba. ils sont voisins et se retrouvent tous les jours autour d’un macchiato. Souvent ensemble, parfois chacun de leur côté, ils découvrent et explorent un pays en pleine transformation, véritable creuset des mutations du continent. L’Éthiopie – second état le plus peuplé d’Afrique et le seul à n’avoir jamais été colonisé – aspire à devenir le “lion africain”. Les deux journalistes observent cette marche forcée vers la modernité, opérée à coups de bulldozers et financée par la Chine. Mais la tension monte au sein d’une population multiethnique muselée par son gouvernement. De conférences de presse ampoulées en manifestations anti-régime, Karim et Vincent tentent de faire au mieux leur travail dans un pays qui leur laisse peu de libertés pour le faire…
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : VULGARISER
L’Éthiopie ne se limite pas à ses marathoniens : le Français Lehbour revient sur deux ans passés dans un pays symbolisant le miracle économique africain. Un bouquin qui a le don de vulgariser une situation explosive, aussi complexe que lointaine.
STEINKIS | Lebhour/Defait/Trinidad, 192 p., 22 €.
8. Le Nid
Les mots de l’éditeur

Juin 1944. Hitler se retire avec les principaux dignitaires nazis dans sa résidence située dans les Alpes bavaroises, “le Nid”, d’où il lancera ses deux dernières offensives qui échoueront et annonceront la défaite du Reich. Souffrant de toutes sortes de maux et de sautes d’humeur, hanté par des cauchemars monstrueux, consommant drogues et médicaments, il est déjà un chef fini mais disposant encore d’un pouvoir de mort et de destruction redoutable. Ses invités, entre terreur et adoration, gravitent autour de lui et se perdent dans des soirées décadentes pour mieux nier la réalité qui se dessine sous leurs yeux.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : DÉROUTANT
Marco Galli raconte les derniers jours d’Hitler dans sa résidence de Bavière. Et le nid, c’est celui d’un Führer perdu comme un oisillon qui en serait tombé, shooté par son médecin personnel, et en déni total de la réalité : l’Allemagne est en train de perdre la guerre.
Un parti pris très cru (l’auteur s’immisce dans la vie sexuelle de son sujet), dans un style expressionniste un peu déroutant, et avec des décors (trop) minimalistes. Mitigé.
SARBACANE | Marco Galli, 176 p., 24 €.
9. Enfant de la nuit polaire
Les mots de l’éditeur

Julia Nikitina a grandi à Salekhard, dans le Nord de la Russie. Toute son enfance, elle l’a vécue au rythme de cette terre arctique, de ses saisons contrastées, et du fleuve Ob.
À seize ans, pourtant, elle quitte sa ville natale pour Tioumen afin d’y étudier le dessin. L’adaptation à la grande ville est difficile : elle souffre d’agoraphobie, il lui faut faire ses preuves et les doutes l’assaillent. D’autant que son passé se rappelle sans cesse à elle, lui chuchote que sa place n’est pas au milieu des immeubles et des allées goudronnées.
Malgré tout, Julia s’obstine et part, un peu plus tard, pour Saint-Pétersbourg afin d’y poursuivre ses études.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : DISPERSÉ
La fille du Nord, que chante Dylan, c’est peut-être elle. Née dans un territoire hostile et froid, Julia Nikitina se sert d’un double pour parler de sa perte de repère, de sa quête de sens. Le dessin devient joli et poétique à un moment, mais le propos, trop vite, se disperse.