Une si tranquille petite ville
Traduite dans 30 pays et vendue à 25 millions d’exemplaires dans le monde, Lisa Gardner réunit ses trois héroïnes dans "Au premier regard".
Publié le 20-02-2023 à 18h00
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Niche est une petite bourgade (fictive) au cœur des Appalaches, en Géorgie, sur la côte sud-est des États-Unis. C’est là que l’agent du FBI Kimberley Quincy, le commandant de police D.D. Warren, et Flora Dane, survivant du tueur en série Jacob Ness, enquêtent sur la découverte d’ossements humains dans la montagne proche. Le maire et sa femme qui tiennent une maison d’hôtes, le shérif, le propriétaire du motel où dort le trio, le loueur de quads ou encore le marginal installé à l’écart forment cette communauté que met en scène avec gourmandise Lisa Gardner dans son nouveau thriller,
Au premier regard. Dont l’une des héroïnes est une fillette hispanique, Bonita, qui, ayant perdu l’usage de la parole, parle dans sa tête en portant sur le monde un regard différent.
Vos livres sont généralement inspirés de faits divers. Celui-ci aussi ?
J’ai grandi dans l’Oregon à l’époque du tueur en série Ted Bundy. Et comme toujours, avec ce type de criminel, en plus des victimes connues, il y a toutes celles pour lesquelles on a des présomptions, mais pas de preuves car leurs corps n’ont pas été découverts. D’autant plus si le meurtrier est mort. C’est cette ombre qui m’a inspiré ce livre.
Pourquoi avoir situé votre intrigue dans une petite ville ?
Ces petites villes, même si elles paraissent charmantes de l’extérieur, fonctionnent comme une famille élargie dysfonctionnelle. Dans celle où je vis, qui lui ressemble beaucoup et attire de nombreux randonneurs, plusieurs personnes ont disparu et les deux corps retrouvés ne sont pas les leurs. Et puis je marche beaucoup dans la montagne, c’est là que je réfléchis le mieux à mes intrigues pour lesquelles je n’établis pas de plan. Me demandant ce qui est caché en dessous et qu’on ne voit pas.
Chaque chapitre concerne un personnage différent, et notamment Bonita dont le témoignage ouvre le roman. Pourquoi ce choix ?
L’idée de base était de réunir mes trois détectives et de les faire travailler ensemble. Et en même temps, dès le départ, j’ai clairement entendu la voix intérieure de cette jeune fille qui est en danger et ne peut plus parler. C’est vraiment elle le moteur du roman. Pour la créer, j’ai consulté une orthophoniste qui m’a par exemple aiguillé vers le fait qu’elle dessine pour s’exprimer. Ces enfants développent d’autres capacités comme, ici, celles de voir le monde en couleur ou d’entendre la maison lui parler, ressentant la douleur de ses murs.
Vous accordez une grande importance à la psychologie de vos personnages. Pourquoi avez-vous choisi le genre policier pour l’aborder ?
J’aime les énigmes et la psychologie, et je m’intéresse aux affaires criminelles. Au début, ce qui me fascinait, c’est la nature du mal: est-il inné ou acquis ? Aujourd’hui, c’est plutôt la question des survivants, comme Flora et Bonita. Et je crois que ce thème va m’habiter pendant un certain temps.
Lisa Gardner, "Au premier regard", Albin Michel, 473 p.