Les amies fantastiques de Briony May Smith
Après "Mon amie la licorne", l’auteure anglaise nous offre une nouvelle relation enchanteresse, entre une petite fille et une sirène cette fois.
Publié le 17-02-2023 à 08h58 - Mis à jour le 17-02-2023 à 08h59
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"Quand j’étais enfant, mon top était: fées, licornes, sirènes", se souvient Briony May Smith. Quand l’illustratrice britannique a créé ses propres histoires, elle a naturellement puisé dans ses obsessions. Après Imelda et le roi des gobelins, qui se bat aux côtés de fées, est venu le gros succès international Mon amie la licorne, dans lequel Lily secoure un bébé licorne tombé dans le cœur sauvage de l’Écosse. Pour son nouvel album, Mon amie la petite sirène, l’auteure s’est inspirée de l’imaginaire des profondeurs (voir la chronique ci-dessous). "C’est toujours le lieu où se déroulera l’histoire ou le personnage qui me vient en premier. Ensuite je construis autour de cela, explique-t-elle. J’ai étudié l’illustration à la Falmouth University, dans les Cornouailles. Il y a un tel folklore autour des sirènes. Je savais que ça devait se passer là-bas."
Lumière impressionniste
Elle a donc imaginé Océane et ses cheveux flamboyants "qui allaient si bien accrocher la lumière dans l’eau". Elle a joué des reflets de la lune pour conter une amitié et une nuit hors du commun tout en l’ancrant dans le réel. "Début 2020, je suis venue à Paris avec mes parents qui adorent les peintres impressionnistes. Ça m’a marquée, car la manière dont ils utilisent la lumière vous donne le sentiment d’être là. La toile capture un moment précis. Quand je dessine, je pense toujours à ça. C’est probablement aussi pour le même genre de raison que j’aime tant le folklore, car contrairement aux mythes et légendes, il se place dans le monde réel. Quelqu’un sort d’un pub ou d’une église et rencontre une créature…"
Envoûtant peut-être
Une des immenses forces des histoires et de l’univers de Briony May Smith repose sur ce sentiment que, peut-être, qui sait, ça pourrait être vrai. Peu importe qu’une baleine vole, ses détails anatomiques seront respectés, s’il y a des fleurs dans la composition, elles seront endémiques et de saison. Une fois de plus avec cet album, la magie s’invite dans notre monde, dans la vie d’une enfant qui en rappelle tant d’autres. Et face à tant de réalisme, le plausible étend son royaume. "Les landes écossaises sont si vastes, qui sait exactement ce qui s’y cache. C’est pareil avec les profondeurs sous-marines qui restent mystérieuses pour nous", note malicieusement celle qui se baigne chaque semaine dans la mer, été comme hiver.
Théâtre en plein air
Tout comme le folklore, la nature est omniprésente dans son œuvre. Elle a grandi à une heure de Londres et vit désormais dans le Devon, sud beaucoup plus sauvage de l’île. "Quand je suis bloquée dans mon processus créatif, je sors marcher. Je suis souvent émerveillée par des animaux quand je me balade. Ça peut me mettre en joie pour la journée alors qu’eux n’ont pas la moindre idée de leur effet sur moi ; ils se contentent d’exister. Ça me fascine. Je pense que c’est en grandissant qu’on prend conscience de ça. Petite, j’aurais dit que j’aimais aller à la plage parce que je pouvais jouer avec mes dinosaures dans le sable. Adulte, on réalise à quel point le simple fait d’être en bord de mer est formidable." D’autant plus quand on continue de guetter les sirènes.
Briony May Smith, "Mon amie la petite sirène", Gallimard Jeunesse, 40 p., 3-6 ans.