Thorgal, Yézidie !, Tarrin qui devient Desfontaines: nos 9 coups de cœur (ou de griffe) BD du jeudi 2 février 2023
Le jeudi, c’est le jour de notre sélection bande dessinée. Avec, cette fois, une nouvelle et intéressante déclinaison de Thorgal, un retour étonnant sur la naissance et la prise de pouvoir de Daesh et quelques réflexions inégales sur la mort. Entre autres plaisirs. Bonnes lectures. Des chroniques à retrouver, aussi, dans La Librairie de L’Avenir, bien sûr.
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Publié le 02-02-2023 à 12h30 - Mis à jour le 07-02-2023 à 14h35
1Thorgal Saga (T.1)
Le résumé de l’éditeur
Le temps est le plus cruel des dieux… Couronnée de cheveux blancs, Aaricia a rendu son dernier souffle. Au crépuscule de sa vie, écrasé par la douleur, Thorgal se voit proposer l’anneau d’Ouroboros par le perfide Nidhogg.
Qu’il le mette à son doigt, et il pourra retourner dans son propre passé, et revoir sa bien-aimée.
Qu’importe le prix à payer, il est des tentations auxquelles même le héros le plus pur ne peut résister…
Notre avis en un mot (puis quelques autres): RENAISSANCE
Aaricia est morte, Thorgal lui dit adieu. Fin de l’histoire ? Non, parce que son vieil ennemi Niddhog lui offre la possibilité de retourner voir sa belle dans le passé, grâce aux pouvoirs magiques de l’anneau d’Ouroboros. Cèdera-t-il à la tentation, tel Adam croquant dans la pomme ?
Après les atermoiements (c’est un euphémisme) des derniers albums de la série "classique" (Thorgal qui fait de la motoneige, on n’en est toujours pas revenus), voilà un récit qui renoue avec les grandes heures mythologiques de ce grand classique du neuvième art.
Tant sur le plan graphique, pour lequel Rosinski a aidé Recht, que sur le plan narratif, où l’émotion naît de petits détails disséminés avec beaucoup de délicatesse, à l’instar de cette scène de combat finale, où amour et violence se côtoient dans un mélange étonnant et paradoxal.
On en regretterait presque que cette renaissance s’arrête après ce seul tome. Allo, Monsieur Lombard ?
2Yézidie !
Le résumé de l’éditeur
Face à Daesh, un smartphone peut être une arme.
Nord de l’Irak. De nos jours. La jeune Zéré vit dans son petit village yézidie, minorité persécutée par Daesh. Ses parents. Les garçons. Sa cousine. Les djihadistes pas loin. Voilà ce qui constitue son quotidien. Jusqu’au jour où Zéré est enlevée par Daech et vendue comme esclave… Ses seuls alliés pour s’évader: un smartphone ainsi qu’une autre adolescente retenue en otage avec elle…
Pendant ce temps, un mystérieux épicier, dans son arrière-boutique, semble se livrer à un bien étrange commerce…
Notre avis en un mot (puis quelques autres): PERCUTANT
Ducoudray revient sur l’avènement de Daesh, et sur les persécutions infligées au peuple yézidi. Et le fait à travers les destins opposés de deux frères et de leurs familles: un resté dans son village, l’autre réfugié au Kurdistan.
Un dispositif simple, mais percutant, porté par un dessin doux et délicat.
3Voyage de malade
Le résumé de l’éditeur
Loup venait juste pour des points de suture. Il n’avait pas prévu de repartir avec sur les bras un lapin malade et sa perfusion.
C’est le début d’une cavale trépidante où s’enchaînent galères, bagarres et magouilles en tout genre…
Notre avis en un mot (puis quelques autres): BURLESQUE
Un loup et un lapin sous perfusion dans un side-car qui fonce à travers bois, voilà le joli programme proposé en couverture de cette inénarrable odyssée des espèces qui s’entraident plutôt que de se manger.
Quitte à laisser dubitatifs leurs congénères et donner l’occasion au chasseur et son chien, qui n’abandonnent jamais, de profiter de cette franche (et temporaire ?) camaraderie pour les carotter.
Petits comme grands passent trois sacrés quarts d’heure, à rire, et à pleurer de rire, car l’Allemande Josephine Mark a les moyens graphiques et poétiques de ses ambitions burlesques et tendres.
4Paranormalement
Le résumé de l’éditeur
Dialogue avec l’au-delà, prémonition, télépathie, Fabrice, protagoniste malgré lui de plusieurs expériences paranormales, décide de questionner la vérité de ces faits.
Une enquête sans concession, ni idée préconçue, entrecoupée de mots d’enfants tout aussi surprenants, déroutants et amusants.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): BIZARRE
Fabrice Desfontaines ? Inconnu au bataillon. Et Fabrice Tarrin ? Ce nom doit au moins vous dire quelque chose puisqu’on l’a vu animer un Spirou "vu par" mais aussi les adaptations en albums illustrés des derniers films d’Astérix et Obélix ( Le secret de la potion magique et L’Empire du Milieu).
Remplaçant son nom par un autre, l’auteur se libère de sa patte (tout en ne la rendant pas méconnaissable) pour raconter sa vie par bribes. Entre les paroles sans filtres de son fils, gênantes ou hilarantes, et sa quête très personnelle, plus grave, d’un au-delà palpable.
Car il se pourrait qu’il ait un don. L’ensemble est délicat mais les deux sujets ne se marient pas forcément ensemble. Bizarre.
5Aurora (T.1)
Le résumé de l’éditeur
Lorsque s’alignent les huit planètes de notre système solaire, les Enfants de l’Aurore passent à l’action, avec une coordination inexplicable, dans un but de domination et d’asservissement de l’espèce humaine.
Leurs caractéristiques de naissance en font des êtres froids et calculateurs. Ceux qui refusent de se soumettre deviennent des proies, les Enfants de l’Aurore se révélant des exterminateurs d’une efficacité terrifiante.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): HAMEÇON
Vous aimez Christophe Bec ? Vous serez dans votre élément avec cette intrigue née en même temps qu’une gigantesque aurore boréale. Un événement lors duquel sont nés des enfants, disons, différents.
La mise en place, aux quatre coins du globe, est classique. Mais on se laisse hameçonner.
6Je suis métisse
Le résumé de l’éditeur
Lorsque Shuna franchit la porte de la maison familiale, elle change son visage rebelle par un visage pieux, s’efforçant d’être une bonne fille musulmane. Mais ce masque est de plus en plus difficile à porter. L’album s’ouvre sur le mariage de Shuna.
Ses parents sont absents. Mais elle n’est pas surprise. Pourquoi ses parents voudraient-ils célébrer leur fille damnée qui épouse un non-musulman ?
Notre avis en un mot (puis quelques autres): CHAOTIQUE
Shuna, née d’un père britannique, d’une mère bangladaise et dans la culture musulmane, tente de trouver sa voie entre toutes ces "influences".
On adhère à pas mal de passages, mais l’ensemble, esthétiquement intéressant, est assez chaotique. Particulier.
7MétaMuta
Le résumé de l’éditeur
Après s’être pris une balle en pleine tête, Lino vit une expérience de mort imminente.
En proie à de multiples hallucinations violentes et inquiétantes, il revisitera inconsciemment les mystères de son enfance.
Notre avis en un mot (puis quelques autres): COI
On ne présente plus Mutafukaz, la série BD déjantée de Run ayant entraîné des suites et un dessin animé.
Voilà, rééditée, la parenthèse hallucinée et psychotique réalisée parallèlement par Jérémie Labsolu. Une plongée dans le rêve noir et sanglant de Lino, l’un des protagonistes de cette aventure décérébrée.
Quasiment sans paroles, cette révision souffle le bon et le moins bon, tour à tour punchy ou grand-guignolesque. Un trip dans le trip qui défripe mais laisse coi.
8Tous les vivants
Le résumé de l’éditeur
Elle voulait en finir avec la vie, mais arrivée au purgatoire, elle gagne contre son gré le droit de revenir chez elle, bien vivante. Elle découvre que si rien n’a changé – sa vie morne et monotone, sa profonde solitude – elle voit désormais autour d’elle tous les fantômes des gens morts, à commencer par le sien, à elle, de fantôme.
Et la jeune femme de découvrir que cohabiter avec son fantôme a des avantages, et pas tant d‘inconvénients que ça…
Notre avis en un mot (puis quelques autres): INCLASSABLE
Après son suicide, une jeune femme se retrouve en "enfer" où elle gagne à la loterie le droit de retourner sur Terre, en colocation avec… son fantôme.
Un album au trait très fin, à la limite du crayonnage, à la noirceur assumée, jusqu’à sa façon de rire de la mort. Singulier et inclassable.
9Trousse Boy (T.2)
Le résumé de l’éditeur
C’est l’affrontement final entre Trousse Boy et l’Effaceur ! Il ne manque plus qu’un seul objet pour qu’Elliott et Maddie puissent refermer la trousse magique et annuler toutes les malédictions.
Mais Tristan, avec l’aide de ses super-vilains réécrits et transformés en monstres, parvient à capturer nos deux héros.
Ensemble, ils devront percer les derniers secrets de la trousse s’ils veulent avoir une chance d’arrêter l’Effaceur avant qu’il ne soit trop tard…
Notre avis en un mot (puis quelques autres): MOINS
Et si tous les objets que contient un biesse plumier, de l’effaceur au crayon en passant par le rapporteur et les ciseaux, étaient autant de pouvoirs magiques.
Forçant à peine la métaphore, Valentin Vincent, Julien Josselin et Grelin avaient élaboré un spectacle incisif et inspiré, cinglant, dans le premier tome de cette aventure hybride, entre manga, franco-belge et comics.
Pourtant, le soufflé retombe dans ce deuxième tome, moins beau, moins léché et moins intéressant. Mais, le suspense est relancé pour un troisième tome.