Agnès Ledig use du pouvoir des fleurs
Un refuge en pleine nature pour des âmes cabossées. Un nouveau roman feel-good signé Agnès Ledig.
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Publié le 31-01-2023 à 17h30
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C’est un petit coin de Vosges isolé. La "Grange des Censes perdues" que même les taximen ne connaissent pas. C’est là que Capucine et Adrien ont trouvé leur petit coin de paradis. Une maison en ruines qu’ils ont rénovée avec les moyens du bord, beaucoup de bonne volonté et quelques voisins ravis de voir un jeune couple redonner vie à l’endroit.
Capucine et Adrien ce sont les personnages du précédent roman d’Agnès Ledig, La toute petite reine. Un clin d’œil à ceux qui l’ont lu, mais qui ne gêne pas la lecture des autres. Lui, c’est un ex-soldat traumatisé par les guerres, devenu maître-chien. Elle, la jeune femme courage qui s’est oubliée pour prendre soin de sa petite sœur à la mort de leurs parents. Autant dire que la résilience, ils connaissent.
Ils se sont mis en tête d’aider les autres et d’accueillir bien plus que quelques poules, chevaux, chiens et chèvres. Bientôt arrivent trois nouveaux occupants. Il y a Clémence, brindille à peine majeure, histoire familiale qu’on devine compliquée et long séjour en hôpital psychiatrique. Il y a aussi Karine, "avec un K", 45 ans, ancienne prof d’histoire-géo, accro du shopping, inquiète de voir son vernis à ongles s’écailler trop vite à la campagne. Et enfin Rémy, pas tout à fait la trentaine, ancien libraire, vrai gentil et faux calme en liberté conditionnelle.
Ensemble, ils vont mettre les mains dans la terre, faucher les prés, construire un abri pour les chèvres, transformer leur lait en fromage, cuisiner les légumes du jardin, cueillir ses petits fruits. Bref, s’occuper les mains pour ne plus trop penser. Ils vont s’ouvrir peu à peu, reprendre confiance en eux et en l’humain.
Témoignage de guerre
Et puis, il y a cette découverte inattendue: un mystérieux sous-terrain dissimulé sous des ronces dans une parcelle en friche. Avec des pierres gravées. Les Vosges ont une histoire dense avec la Seconde Guerre mondiale. Mais les témoins disparaissent. Jean, le vieux voisin qui les observe depuis son banc cache-t-il quelque chose ?
Comme elle en a pris l’habitude, la romancière vosgienne, qui vit en bord de forêt a fait de la nature un personnage à part entière de ses histoires. On est transporté dans ce coin de campagne, en lisière de forêt, un début d’été caniculaire, l’odeur des foins, les fraises encore tièdes de soleil, les premières tomates, les fleurs qui colorent le tout… Un voyage dans une autre saison qui fait un bien fou. Un roman feel-good sans prétention, mais pas si léger, qui aborde des thèmes bien dans l’air de temps (on ne peut pas tout vous dévoiler…).
Agnès Ledig, « Un abri de fortune », Albin Michel, 365 p.