Trois auteurs sur quatre gagnent moins de 1.000 € par mois
C’est la première étude du genre en Fédération Wallonie Bruxelles. Elle met en évidence la grande diversité de profils, et la précarité des auteurs.
Publié le 18-01-2023 à 19h00 - Mis à jour le 19-01-2023 à 07h47
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Ils sont 485 auteurs et autrices, de romans, essais, BD, livres jeunesses, scolaires, scientifiques, traducteurs, illustrateurs… (souvent multicasquettes) à avoir répondu à cette enquête en Fédération Wallonie Bruxelles. Son but: mieux connaître les auteurs, identifier leurs situations, leurs besoins, pour mieux les accompagner.
Elle a été réalisée avec les principales organisations professionnelles du secteur du livre, coordonnée par l’ASBL Bela qui accompagne les auteurs et l’UCLouvain et soutenue par la ministre de la Culture Bénédicte Linard.
La principale conclusion ? Les auteurs et autrices de la FWB vivent rarement de leur plume et sont obligés de mener de front plusieurs métiers.
Sous le seuil de pauvreté ?
Trois auteurs sur quatre gagnent moins de 1.000 € net par mois grâce à leur art. Dans les chiffres, ils gagnent moins que le montant qui définit le seuil de pauvreté, soit 1.293 € pour une personne isolée. Mais on ne peut pas en conclure que ces auteurs vivent sous le seuil de pauvreté parce que l’étude ne dit pas s’ils ont l’aide d’un conjoint ou des revenus de patrimoine. Mais quand même: pour quelques visages connus et suffisamment rémunérés, la grande majorité des auteurs publiés est précaire.
Pour s’en sortir, les auteurs exercent d’autres métiers, dont 38% dans le secteur artistique, 37% dans l’enseignement… Seuls 21% d’entre eux ont consacré plus de la moitié de leur temps à l’écriture. Alors qu’ils sont 78% à vouloir le faire plus. Cette polyactivité qu’elle soit subie ou choisie, c’est un peu le serpent qui se mord la queue: la création ne nourrit pas et devoir travailler dans un autre domaine pour gagner sa vie, c’est consacrer moins de temps à l’écriture, donc produire moins d’œuvres qui peuvent rapporter… On tourne en rond. C’est que, tout au bout de la chaîne, l’auteur touche à peine 1,5 à 2 € sur le prix d’un roman à 20 €.
Les auteurs disent aussi souffrir de discrimination: 42% des répondants affirment ne pas recevoir de revenus réguliers. C’est compliqué dans ce cas de, par exemple, obtenir un crédit immobilier. Ils se sentent peu reconnus, peu considérés. 7% d’entre eux affirme même souffrir de détresse psychologique à cause de la précarité dans laquelle ils vivent.
Tout est foutu ? Il y a des financements, même s’ils sont jugés nettement insuffisants. 40% des personnes interrogées en ont bénéficié. Ce qu’ils demandent, c’est plus de moyens, une aide pour les sortir de leur isolement (95% travaillent à domicile), un accompagnement pour se professionnaliser… Mais une note positive quand même: les auteurs parlent beaucoup de passion quand ils veulent résumer leur activité, c’est ce qui les pousse à continuer.
Etude à actualiser
L’étude a été menée sur la période 2014-2019 pour ne pas subir l’influence des années atypiques liées à la crise sanitaire. Elle est destinée à être actualisée régulièrement. Parce que les technologies évoluent, la loi sur les droits d’auteurs change elle aussi. Et que les 1.000 € de 2019 ne sont plus ceux d’aujourd’hui…