Avec sa bande dessinée, Issa Doumbia veut aussi devenir un moteur : “Jamais vu de héros avec des origines ou même une confession différente” (vidéo)
Acteur et humoriste français, Issa Doumbia raconte en bande dessinée sa vie de “gamin de banlieue, noir, rond et dyslexique”.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5G7GUZNDQZDXZPELUBPSN7PFUU.jpg)
- Publié le 28-11-2022 à 08h49
Issa Doumbia, vous lisiez des bandes dessinées quand vous étiez gamin ?
Évidemment, le Petit Spirou, Tintin, Lucky Luke, Titeuf et plein d’autres. Aujourd’hui, quand on me dit que ma bd ressemble à du Cédric, à du Titeuf, je suis assez fier, parce que je me dis que j’ai bien visé.
Voir sa vie racontée en bande dessinée, ça fait quoi ?
Ça fait drôle, parce que l’illustrateur est hyper fort. Il s’appelle Liroy. Dès le premier dessin qu’il a fait de moi, j’étais amoureux de lui. Je n’arrête pas de lui dire d’ailleurs (rires). Voir que le personnage vit à travers toutes ces pages, c’est un peu fou. Pour moi, ce sont des souvenirs, mais c’est surtout le quotidien d’un petit héros noir, rond, de banlieue et qui est dyslexique aussi, parce que je le suis vraiment.
Pour moi, ce sont des souvenirs, mais c’est surtout le quotidien d’un petit héros noir, rond, de banlieue et qui est dyslexique aussi, parce que je le suis vraiment.

Et quels sont les retours de vos proches ?
Même si ce sont mes proches, ils sont tous très fiers, parce qu’ils se disent “waw”, on a notre vie en bande dessinée. Être représenté dans une bd, c’est un peu fou pour tout le monde. C’est un média particulier. Et surtout, ils se sont marrés en la lisant.
Quand je lisais des bd, il y avait seulement des personnes secondaires ou seulement de passage qui étaient noires, pourtant, tout de suite, ça m’attirait. Je me disais « ah, il y en a un » (rires).
Vous n’avez cité que des “héros blancs”, pourquoi un héros noir, c’est important en 2022 ?
Quand je lisais des bd, il y avait seulement des personnes secondaires ou seulement de passage qui étaient noires, pourtant, tout de suite, ça m’attirait. Je me disais “ah, il y en a un” (rires). Mais je n’ai jamais vu de héros avec des origines ou même une confession différente. Aujourd’hui, les gens me disent merci de l’avoir fait. Ils me disent qu’ils se retrouvent enfin.
Ça vous a vraiment manqué quand vous étiez gamin ?
C’est très bizarre d’avoir une télé ou des bd avec des humains comme moi et de ne jamais voir des gens qui me ressemblent. C’est très perturbant, mais on finit par vivre avec, notamment parce que dans la vraie vie, autour de moi, il y avait de tout.
Le Petit Issa, va-t-on le voir grandir ?
J’y ai beaucoup réfléchi et je pense que, comme Bart Simpson, Mickey, Titeuf qui n’ont toujours pas grandi, il ne changera pas. Parce qu’on l’appelle le Petit Issa, il restera le Petit Issa. Par contre, peut-être qu’un jour, les gens pourront découvrir le Grand Issa, un peu comme Spirou qu’on voit grand, qu’on voit petit.
Désormais, j’espère qu’il y a des jeunes qui se disent, en me voyant faire plein de trucs, que c’est possible. J’ai aussi envie d’être un moteur pour les autres.
Le Petit Issa peut-il aussi devenir un modèle pour plein de gamins ? Et pas uniquement par sa couleur de peau…
En effet, le fait de venir de banlieue également. Personnellement, dans ma vie, j’ai eu ça avec Jamel Debbouze, Nicolas Anelka, Omar Sy, Shy’m qui viennent tous de Trappes. Je me suis toujours dit en les voyant que c’était possible. Désormais, j’espère qu’il y a des jeunes qui se disent, en me voyant faire plein de trucs, que c’est possible. J’ai aussi envie d’être un moteur pour les autres.
Le Petit Issa – La kiffance Tome 01/Ed. Kennes

