Hervé Meillon sur les traces de Jacques Brel au Maroc
Dans "Jacques Brel Couleurs Maroc", Hervé Meillon retrace les nombreuses visites du chanteur belge dans ce pays du Maghreb et l’inspiration qu’il y a trouvée.
Publié le 15-01-2022 à 06h00
S'il n'a pas encore tout à fait rangé le micro – il a une chronique régulière sur la radio bruxelloise AraBel – Hervé Meillon se consacre depuis quelques mois maintenant à sa petite maison d'édition, M La Suite Éditions, où il vient de publier Jacques Brel Couleurs Maroc, un récit biographique qui part sur les traces du chanteur belge au pays du couchant lointain.
"Pendant treize ans, j'y suis allé régulièrement avec mon épouse Sophie. Sur place, j'ai collaboré à une revue qui m'a proposé d'écrire un article sur Brel au Maroc. J'ai enquêté et découvert que non seulement il était venu au Maroc pour des concerts mais également à titre privé." Comme certains témoins qu'il a rencontré sont déjà âgés, Hervé Meillon a eu l'idée de les enregistrer et de les filmer. L'enquête durera finalement… trois ans! Et des rencontres avec des pointures de la culture marocaine comme Tahar Ben Jelloun ou Tayeb Saddiki.
Brel a chanté pour la première fois au Maroc en 1956, aux Arènes de Casablanca. ll y est ensuite revenu très souvent, et a même failli s'y installer, avant de finalement opter pour les Marquises. "Il a découvert le Maroc dans le cadre des tournées organisées par Jacques Canetti (NDLR: producteur et directeur du Théâtre des Trois Baudets). Ensuite, il y est revenu suite à une promesse faite à sa femme Miche. Il l'avait trompée avec la chanteuse Catherine Sauvage et il lui a demandé ce qu'il pouvait faire pour se faire pardonner. Elle lui a demandé de visiter le Maroc avec lui."
«Dans le port de Mohammedia»
Parmi les endroits que Jacques Brel a fréquentés, il y a Mohammedia (ex-Fedala), ville portuaire où se trouvait le Sphinx, un bar/bordel de luxe où de nombreux artistes (Aznavour, Dalida…) sont passés chanter. "Il y allait parce que c'était quasi le seul endroit ouvert après ses spectacles. Ce port de Mohammedia ressemblait énormément à la Côte belge, et je pense que Brel avait l'impression de retrouver son pays. Et puis, c'est là aussi qu'il a retrouvé Camille Biver, ancien propriétaire du cabaret bruxellois Le coup de lune où il avait débuté. Biver était venu s'installer à Fedala et Brel vivra un peu chez lui."
Ces séjours répétitifs au Maroc l'inspireront pour plusieurs chansons. "La Madame Andrée dont il parle dans Jeff, c'est la tenancière du Sphinx, En réalité, elle s'appelait Mathilde Desperon. À la base, la chanson Le port d'Asterdam s'appelait Le port de Mohammedia. Il a commencé l'écriture là-bas. Il a aussi commencé l'écriture de La Valse à mille temps dans un taxi entre Tanger et Casablanca. La route était très sinueuse et Brel râlait contre les 1000 virages… La légende veut qu'il ait chanté cette chanson le soir à Casablanca."
Les anecdotes pullulent dans le livre d’Hervé Meillon. Tout cela devrait figurer dans un documentaire, du moins si l’auteur parvient à trouver le financement.
"Il faut payer les droits pour toutes les images de Brel ainsi que les chansons que l’on voudrait utiliser et c’est extrêmement coûteux. En attendant, les lecteurs peuvent retrouver des extraits des interviews réalisées sur YouTube, en tapant Jacques Brel et le Maroc."
Hervé Meillon, «Jacques Brel Couleurs Maroc», M La Suite Editions. www.mlasuiteeditions.com