«Le Voyant d’Étampes», prisonnier d’un engrenage kafkaïen

L’auteur d’un livre sur un poète noir américain se voit accusé d’appropriation culturelle. «Le Voyant d’Étampes» est un roman inquiétant.

Michel PAQUOT

«Quel crime avais-je commis?» Celui d'être blanc, hétérosexuel (et par ailleurs français), et d'avoir écrit un livre sur un poète américain méconnu des années 50 en considérant le fait qu'il soit noir comme «un trait de son identité» moins déterminant que son engagement communiste. Jean Roscoff, qui rêvait que cette biographie qu'il portait en lui depuis des années ne passe pas inaperçue, va être servi: la presse en général, et les réseaux sociaux en particulier, vont en effet s'emparer de son cas pour le clouer au pilori sans autre forme de procès. Jusqu'à dénier à ce sexagénaire qui, toute sa vie, a témoigné de son engagement antiraciste, le droit même de prétendre écrire sur un homme de couleur. Un colloque universitaire qu'il avait organisé est annulé et même son meilleur ami, son ancienne femme et son éditeur prennent leurs distances. Seule le défend sa fille, qui vit pourtant avec une woke (consciente des injustices dont sont victimes les minorités ethniques, sexuelles, religieuses), ne reniant pas l'amour qu'elle lui porte.

Pour accéder à cet article, veuillez vous connecter au réseau internet.
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...