La Passeuse de mots, odyssée (hyper)sensible
Le duo français A.J. Twice livre le premier tome d’une saga fantasy dans laquelle s’entremêlent célébration de la littérature et grande aventure.
Publié le 08-04-2021 à 07h00
Un nouveau duo vient enchanter la littérature jeunesse francophone. Alric et Jennifer se sont rencontrés en 2013. «C'est une histoire d'amitié qui est devenue histoire de plume puis d'amour», relate Alric. Très vite, le couple décide de fusionner les deux imaginaires derrière un nom d'auteur: A.J. Twice. En interview aussi, ils ne font souvent qu'un. L'un commence la phrase, l'autre trouve le bon adjectif et ils finissent d'une seule voix. «On est très complémentaires, dans la vie et dans la plume. On est fiers quand les gens nous disent qu'ils n'arrivent pas à discerner qui a écrit quoi, car on est aussi parfois opposés dans notre manière d'écrire.»
À Madame Twice reviennent les scènes d’action aux mouvements quasi cinématographiques, la vision du plan, les ressorts de l’intrigue. À Monsieur Twice incombent les descriptions, passages romantiques et détours poétiques. Le tout en se basant sur un brainstorming ping-pong et une grande frise.
Pouvoir des mots
La première histoire qu'ils ont voulu raconter ensemble s'est très rapidement imposée à eux. Ça sera La Passeuse de mots: une aventure dans un monde où les mots ont des pouvoirs magiques. Des auteurs convaincus du poids de l'écrit, cela serait presque banal s'il n'était question que de l'aspect positif. Mais dans le royaume d'Hélios, les mots ont des conséquences parfois dévastatrices. «C'était évident d'écrire sur le sujet pour notre premier roman. Ados, adultes, il y a des mots qui nous ont conditionnés. Des mots difficiles qui nous ont parfois détruits. Quand on est jeune, on ne pense pas toujours à l'impact de ce qu'on dit», explique le couple.
Courage de l’aventure
Comme un écho aux conventions et cases que la société aime créer pour donner une illusion d’ordre, l’univers de la saga est régi par un traité. En conditionnant la magie, il est censé garantir la paix, jusqu’au jour où tout éclate. Pour incarner leur passeuse de mots capable de dompter le chaos, les auteurs ont désigné Arya, une fille de pâtissière fan de brioche et de romans d’aventures. «Elle est rêveuse, un peu naïve, mais aussi courageuse», résume le duo. Celle qui ne voyage que sur papier et ne frissonne qu’entre les lignes va devoir affronter la vraie aventure pour incarner ce rôle de «passeuse» que l’on appréhende avec elle au fil des pages.
Folklore dense
Sorte d’Ulysse boostée à la bienveillance, elle va découvrir des civilisations, leurs secrets, leurs trésors et leurs monstres. En sortant du cocon de la capitale dans lequel elle a grandi, Arya voit tout un univers se construire, inspiré de la mythologie antique et de divers folklores. Résultat: le lecteur est glacé par des récits d’inspiration vampirique avant d’être balancé par la houle sur fond de piraterie ou de retenir sa respiration pour ne pas troubler un éclat de tendresse. Intense. Et les auteurs préviennent: «La fin du premier tome n’est qu’un commencement. Avec nous, le plus important, c’est toujours le cheminement.» La suite devrait arriver d’ici la fin 2021.
«La passeuse de mots», A.J. Twice, Hachette Roman, 13 ans.