Hollywood, l’âge d’or pas très brillant
Dominique Maisons propose une fresque sur la face sombre du petit monde d’Hollywood des années 50.
Publié le 29-08-2020 à 06h00
L’année 1953, en plein âge d’or de Hollywood… Et pourtant, l’envers du décor est bien sombre. Pourri même. Les studios rêvent de succès et les jeunes actrices, prêtes à tout, de gloire et de fortune. La mafia finance à coups de millions de dollars les films et espère un retour sur investissement. Et elle aussi est prête à tout.
Et puis, il y a l’armée. Dans cette ambiance de Guerre froide, on craint l’invasion des «idées communistes»: certains cinéastes se retrouvent sur liste noire, certains acteurs aussi, la censure fait rage. L’armée a, avec le cinéma, un outil de propagande magnifique pour l’idéologie américaine. Tout ça à coup de petits arrangements secrets: du matériel pour le tournage contre un droit de regard sur le scénario, une aide financière plus ou moins directe contre un casting imposé…
Une question d’une actualité brûlante
«Ma motivation première quand j'ai commencé l'écriture était d'interroger les conditions dans lesquelles a été produite cette propagande qui a imposé au monde la société de consommation, notre épanouissement présumé par l'accumulation sans fin de biens matériels», écrit Dominique Maisons dans une note d'intention publiée par son éditeur. «Cette question est d'une actualité brûlante; s'il nous faut changer de modèle, nous devons nous rappeler des conditions dans lesquelles on nous a mis face à ce que nous abandonnons.»
On y croise Larkin Moffat, producteur de seconde zone. Un homme sans scrupule, brutal, prêt à tout. Mais aussi le major Chance Buckman, joueur invétéré, chargé de contrôler la propagande américaine via les films, le père Starace aux vices pas très catholiques, Dragna qui veut être le parrain à la place du parrain…
Entre personnages fictifs et acteurs d’époque, de Gary Cooper à Errol Flynn, on ne sait plus trop le vrai du faux. Et c’est ça qui est bien.
Habitué des romans noirs et des thrillers, Dominique Maisons signe une fresque historique, un «roman vrai» à l’épaisse bibliographie, dense et prenant.
Dominique Maisons, «Avant les diamants», La Martinière, 520p.