Et Chaplin devint Charlot
Un binôme français revient en BD sur la façon dont Charlie Chaplin posa les bases de l’énorme carrière que l’on sait. Un (presque) biopic bourré d’énergie.
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Publié le 17-09-2019 à 07h50
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En 1912, un paquebot mène à New York la troupe de Fred Karno, des artistes de music-hall britanniques venus s’offrir une tournée aux Amériques. Deux d’entre eux n’en repartiront jamais et tutoieront, Outre-Atlantique, des sommets qui feront d’eux des icônes.
Eux, ce sont Charlie Chaplin et sa doublure, Arthur Jefferson. Le second sera un inoubliable Stanley Laurel, l’éternel comparse d’Oliver Hardy. Le premier n’est plus à présenter. C’est pourtant l’entreprise dans laquelle s’engagent aujourd’hui Laurent Seksik et David François avec le premier volume d’une série appelée à devenir un triptyque.
Chaplin en Amérique n’est pourtant pas, à proprement parler, un biopic: «Moi-même, confesse David François, le dessinateur, je n’avais pas beaucoup d’intérêt pour Chaplin. Et, de façon plus générale, le biopic est un genre qui a une furieuse tendance à m’ennuyer. Du moins quand il est bassement linéaire… »
Ce qui n’est pas le cas, justement, de la version imaginée par son comparse, Laurent Seksik: «Ce n’est pas l’histoire de Chaplin, pas totalement du moins, appuie David François. Pas plus celle de Charlot. Disons que nous avons créé un acteur qui joue Charlot. C’est vrai que tout le monde a, en tête, l’icône vêtue d’un chapeau melon et affublée d’une canne. Mais nous sommes totalement libres de donner notre interprétation du personnage.»
Il faut dire que la vie de Chaplin est si riche qu’il est difficile d’en faire le tour, même en trois albums: «D’une façon ou d’une autre, il a été ‘‘heurté’’ par tous les événements majeurs du XXe siècle, à commencer par les deux guerres. Il est aussi issu de l’immigration, ce que beaucoup ignorent.»
D’une ambition dévorante
C’est, aussi, un stakhanoviste, toujours en quête de création: «C’est un forcené de la création artistique. Il est toujours en mouvement. » Quitte, si c’est nécessaire, à bousculer son entourage. Chaplin en Amérique montre ainsi un Chaplin inconséquent sur le plan amoureux, et n’hésitant pas à trahir ceux qui lui avaient fait confiance si ça peut permettre à sa carrière d’avancer.
«Il a une ambition dévorante, poursuit David François. Et une confiance en lui inébranlable, ce qui le distingue d’ailleurs du futur Stan Laurel, plus en proie au doute. Mais c’est un trait de personnalité assez commun aux grands artistes: ils ont aussi de grands ego. Et demandent beaucoup aux autres. C’est une forme d’exigence en laquelle je me retrouve: je suis très exigeant avec moi-même, si bien que j’estime que je peux l’être aussi, avec mes proches.»
«Chaplin en Amérique», Seksik/François, Rue de Sèvres, 72 p., 17€