Une rentrée littéraire de crise et sous le signe des femmes
Les éditeurs comprennent-ils enfin que l’excès est l’ennemi du bien? Dans un secteur ouvertement en crise, la rentrée littéraire 2019 est au régime.
- Publié le 24-08-2019 à 06h00
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C’est parti, la machine est lancée, après la torpeur de l’été les rayons des librairies se remplissent petit à petit des nouveautés de la rentrée littéraire. Et cette machine – propre uniquement à la littérature francophone – ne s’arrêtera qu’en octobre pour laisser alors la place aux «grands prix» qui permettront à quelques élus d’arborer un beau ruban rouge. De quoi faire exploser les ventes avant les fêtes de fin d’année… Autant dire que pour les éditeurs, le moment est important. D’autant que le secteur, en profonde mutation, est ouvertement en crise.
1. La rentrée la plus resserrée depuis 20 ans Les chiffres de l'édition française sont mauvais. Le secteur a connu, en 2018, une chute de 4,38%. Pire, comme l'expliquait Olivier Nora PDG de Grasset lors de son passage à Bruxelles en juin, «depuis quelque temps, il y a un vrai problème avec les romans, les essais ont plus de succès». Les éditeurs ont donc resserré la ceinture en cette rentrée 2019. Avec 524 sorties (contre 567 en 2018), le recul est de 7,6% par rapport à l'année dernière. Vingt ans qu'on n'avait plus connu de chiffres aussi bas. On notera que le nombre de titres étrangers reste, lui, stable avec 188 sorties contre 186 l'an dernier.
2. Moins mais mieux? Publier moins, ça coûte moins cher. Encore faut-il que ce qui sort se vende mieux. La rentrée représente encore un quart des ventes annuelles des romans en grand format. Mais selon l'institut GFK, en six ans les ventes d'automne ont chuté de 32%! Curieusement, plusieurs éditeurs adoptent cette année une double tactique en publiant quelques valeurs sûres et parallèlement cherchent à imposer de nouveaux noms. Des primo-romanciers (82 cette année contre 94 en 2018) mais aussi les deuxièmes romans de jeunes auteurs particulièrement prometteurs. Les tirages, eux, restent très raisonnables avec une moyenne de 6 000 exemplaires boostée, faut-il le dire, par certaines sorties. Le nouvel Amélie Nothomb bénéficie, par exemple, d'un (premier) tirage de 160 000 exemplaires!
3. Un monde en mutation Cette rentrée est aussi marquée par de grands changements dans un monde de l'édition touché par les regroupements et de nombreux transferts à la tête des départements. Des mouvements que l'on commence à retrouver parmi les auteurs, ces derniers étant souvent plus fidèles à un éditeur ou un directeur qu'à la maison elle-même.
4. Femmes et société Non seulement les écrivaines s'imposent de plus en plus lors de la rentrée littéraire mais cette année 2019 est fortement marquée par les personnages féminins. Des femmes qui incarnent des thèmes forts et féministes mais aussi tous les problèmes qui marquent notre société: violence, harcèlement, exil…
5. La saison des prix Les prix et sélections vont se succéder jusqu'au mois de novembre. Notons parmi les plus importants le Prix Fnac, le 2 septembre déjà; le Grand prix du roman de l'Académie française, le 31 octobre; le Goncourt et le Renaudot, le 4 novembre; le Femina, le 5; le Décembre, le 7; le Médicis, le 8 et l'Interallié, le 14 novembre.