Amélie Nothomb: au nom du Christ
Avec Soif, son nouveau (et 27e) roman, Amélie Nothomb frappe fort, très fort. Telle une nouvelle évangéliste, elle se glisse dans la peau du Christ, de sa condamnation par Pilate jusqu’à ce que les croyants appelleront la résurrection.
Publié le 24-08-2019 à 06h00
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Un Christ pour lequel Amélie Nothomb a manifestement plus d’admiration que pour Dieu le père. Cloué sur la croix, Jésus se rend compte de l’absurdité du plan de son père. De l’erreur même d’un Dieu qui accepte la souffrance et la violence pour prouver son amour. Et de sa propre erreur à lui, venu prêcher l’amour mais incapable de s’aimer lui-même, puisqu’il a accepté de s’infliger toute cette souffrance. Avec une incroyable empathie pour son personnage, Amélie Nothomb propose au lecteur un Christ si humainement vivant qu’on ne peut que l’aimer.
Car, le Jésus d'Amélie Nothomb (qui suit scrupuleusement les étapes de la Passion) sait, contrairement à son père, ce qu'est aimer. «La grande différence entre mon père et moi, c'est qu'il est amour et que moi, j'aime», affirme-t-il. Et s'il sait aimer, c'est parce qu'il s'est incarné. Il a connu la soif parce qu'il était vivant. Et «l'instant ineffable où l'assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d'eau, c'est Dieu».
Dans ce roman décidément pas comme les autres, on retrouve tous les thèmes chers à Amélie Nothomb: le corps, les difficultés d’être au monde, l’amour.
Dans le style qu’on lui connaît, précis et ciselé mais jamais dénué d’humour, la romancière aborde des sujets fondamentaux. Un roman qui fera date dans son œuvre.
Amélie Nothomb, Soif, Albin Michel, 152 p.