La fibre romanesque d’Isabelle Autissier

À travers trois générations, l’ancienne navigatrice met en scène l’URSS stalinienne dans «Oublier Klara». Sous la forme d’une quête mémorielle.

Michel PAQUOT

«Suis-nous, nous avons des questions à te poser.» Face aux trois hommes en longs imperméables qui font irruption dans son appartement de Mourmansk, au nord du cercle polaire, Klara pressent que son sort est réglé. Elle est pourtant une géologue estimée, directrice de département. Mais dans l'URSS stalinienne de l'après-guerre, elle sait que la vie humaine ne vaut pas un kopek. Plus personne ne la reverra. Ni son mari, Anton. Ni son fils Ruben, âgé d'à peine cinq ans. Celui-ci deviendra patron pêcheur, ce qui donne lieu à une description spectaculaire de ce métier âpre et aux rapports humains souvent violents. Quant à Iouri, son fils élevé à la dure, il préférera s'exiler aux États-Unis où il deviendra ornithologue. C'est lui qui, à 46 ans, revenu auprès de son père mourant, va enquêter sur sa grand-mère, suivant des traces qui le conduiront chez éleveurs de rennes Nenets.

Pour accéder à cet article, veuillez vous connecter au réseau internet.
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...