La force résiliente d’Aya
L’héroïne d' «Aya», le beau et sensible premier roman de Marie-Virginie Dru, est une adolescente africaine qui se reconstruit grâce au cirque.
- Publié le 19-07-2019 à 06h00
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Aya a douze ans, mais n'est déjà plus une enfant. Alors qu'elle est tendrement amoureuse d'Ousmane, c'est Boubacar, son oncle, qui abuse d'elle, profitant de la folie de sa sœur «possédée par un méchant Djinn» depuis la mort de son mari et l'exil de son fils aîné. Parce qu'il est épris d'elle, cet homme croit avoir tous les droits sur la fillette. Jusqu'à la mettre enceinte. Ce qui la contraint de quitter son île de Karabane pour la capitale, Dakar. Où, dans la Maison Rose qui accueille des filles en perdition comme elle, elle va se construire en faisant du cirque dans une compagnie sénégalaise.
«Je suis sculptrice, et c'est à la suite d'un stage d'écriture offert par mes enfants que j'ai écrit ce premier roman, confie l'auteure. J'ai mis neuf mois pour l'écrire, comme pour un accouchement. Le personnage d'Aya est inspiré d'une jeune fille, Sophie, que sa mère donnait aux hommes et qui m'a beaucoup émue par sa capacité de résilience.» La Maison Rose existe réellement, dirigée, comme dans le livre avec humanité et empathie par Mona. Marie-Virginie Dru y est impliquée depuis une dizaine d'années.
Sur son chemin, Aya a rencontré Camille, une photographe française qui s’est prise d’affection pour elle. Et qui, rentrée à Paris, aimerait la revoir. En attendant, elle expose les photos qu’elle a prises pendant son séjour là-bas, principalement celles du rituel initiatique fait de chants et de danses qui marque le passage des adolescents à l’âge adulte. Au vernissage, un jeune homme fixe une photo jusqu’à vouloir la toucher. C’est Djibril, le frère aîné d’Aya parti tenter sa chance en France et qui, par hasard, a vu une annonce pour cette expo.
Avec finesse, l’auteure tisse son histoire autour de ces différents personnages qui se croisent sans vraiment se rencontrer. Sa construction, tout comme son écriture génératrice d’émotions font de ce premier roman une belle découverte. Et en annonce sûrement d’autres.
Marie-Virginie Dru, «Aya», Albin Michel, 221 p.