Les trois frères selon Diane Brasseur
Trois frères séparés par la vie doivent se retrouver mais la mort en décide autrement. Dans «La partition», Diane Brasseur dévoile ses secrets de famille.
- Publié le 07-06-2019 à 06h00
Il y a beaucoup de vrai mais aussi beaucoup d'imaginaire dans le dernier roman de Diane Brasseur, La partition. «Aux origines de ce roman, raconte la romancière, il y a la découverte de la correspondance entre ma grand-mère et mon oncle. Entre autres de cette lettre où il écrit à sa mère qu'il est un érudit, un universitaire et qu'il ne sera jamais un artiste. Je me suis interrogée. Pourquoi n'est-il pas devenu un artiste. Pourquoi aurait-il dû le devenir?»
C'est donc dans un creuset très familial qu'est née l'idée de La partition même si, rapidement, le personnage de Bruno, l'oncle, va prendre son indépendance. «Je me suis vite ennuyée, je voulais une histoire plus ample. J'ai gardé le prénom de mon oncle mais il est devenu Bruno K. J'en ai fait un personnage. C'était nécessaire aussi. Comment écrire une histoire, sans blesser, alors que les enfants des protagonistes sont toujours là.»
Le choix de Koula
Bruno K. donc est le fils aîné de Koula, une jeune et belle grecque qui, dans les années 20, quitte son pays natal pour suivre, chez lui en Suisse, son époux Paul. Un enfant, Georgely suivra avant que Koula, lasse des infidélités de son mari ne le quitte pour retourner en Grèce, laissant en partage et à sa famille paternelle le petit Georgely. Plus tard, remariée à un Belge, Koula donnera naissance à un troisième fils, Alexakis, futur grand violoniste.
«Je n'ai pas touché aux lettres, elles sont telles qu'elles ont été écrites. Mais où on quitte la réalité, c'est quand je transforme des faits en scènes.» La partition, c'est tout autant une histoire de séparation que de musique et surtout d'impossible réunion. Une histoire de famille et d'une mère trop protectrice. «En cherchant à savoir ce qu'étaient devenus les uns et les autres, j'ai découvert que Georgely, par exemple, a mené une vie très heureuse. Même s'il a été littéralement abandonné par sa mère, il s'est véritablement tourné vers le bonheur. Le premier mariage de Bruno avec une femme rejetée par Koula a échoué. Finalement, il se mariera quatre fois, aura des enfants. Et je pense qu'il a eu la vie qu'il voulait, il en a fait un chef-d'œuvre.»
D’Athènes à Liège et Bruxelles
Il y a de fait beaucoup de bonheur et de vie tout simplement dans cette histoire qui se déroule d'Athènes à Liège et Bruxelles en passant par Genève. «Je pense aussi que j'avais envie d'écrire ce roman dans un esprit de réparation. Ce sont quand même trois frères qui se sont disputés, qui ne se voyaient plus. J'ai essayé de les réunir. » Mais la mort brutale de Bruno K. rend cette réunion pourtant programmée impossible…
La bénédiction, pour Diane Brasseur est venue de son propre père, le troisième fils, Alexakis qui n'est absolument pas musicien tient-elle à préciser. «Je voulais que mon père soit encore vivant pour lire cette histoire. Je pense que ça n'a pas été simple pour lui mais il m'a dit qu'il avait beaucoup aimé.»
Diane Brasseur, «La partition», Allary éditions, 441 p.