Maramisa déjoue les codes du thriller
«Nous pensons que les premières civilisations sont mésopotamiennes, mais il n’est pas interdit d’imaginer que d’autres les ont précédées.»
Publié le 21-06-2018 à 06h00
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C’est sur cette hypothèque que, délaissant l’Italie, terreau privilégié de son inspiration littéraire, Vincent Engel a construit son formidable nouveau roman, Maramisa, qui s’apparenterait presque à un thriller si l’auteur belge ne s’amusait à en déjouer les codes. À ma gauche, Charles Vinel, un jeune prof d’université solitaire et mal dans sa peau, inconsolable depuis la mort de sa mère. À ma droite, Hermann Kopf, un homme immensément riche, prêt à financer l’édition de sa thèse consacrée aux rituels de momification à travers le temps. Avec une contrepartie: que son auteur retrouve la cité de Maramisa, la plus ancienne de l’histoire humaine, peut-être. Cette découverte permettrait au milliardaire mégalomane de littéralement «tuer le temps» et d’ainsi atteindre l’immortalité. Voici donc le jeune homme lancé dans une quête pas totalement vaine puisque, dans le désert d’une dictature d’Asie centrale, il découvre des vestiges qui pourraient bien être ceux recherchés. Mais ce que veut y bâtir Kopf est bien éloigné de ce à quoi il s’attendait. Et sa rencontre avec Francesco Cairano, créateur de spectacles grandioses qui ressemblent à ceux conçus par Franco Dragone (avec qui Vincent Engel a effectivement travaillé), ne le rassure pas. Au-delà de son suspense, Maramisa ouvre de passionnantes portes historiques, politiques, philosophiques, voire même poétiques, qui lui confèrent une envergure particulièrement stimulante. Rendez-vous fin d’année pour le Rossel?
Vincent Engel, «Maramisa», Les Escales, 521 p., 21,90€