Le coup de maître de Julien Sandrel
Coup d’essai et coup de maître pour Julien Sandrel. À 37 ans à peine, l’écrivain sort un premier roman qui cartonne, fait rire et pleurer dans les chaumières.
Publié le 30-04-2018 à 06h00
«J'ai toujours plein d'histoires dans la tête!» Julien Sandrel a 37 ans à peine et pas du tout un parcours littéraire. On a même envie de dire que l'économie mène à tout puisqu'après des études de gestion, ce Français du Sud a d'abord travaillé dans le marketing où il mettait sa plume au service de la promotion de grandes marques de produits… «Mais petit, nous confie-t-il, je rêvais d'être écrivain ou metteur en scène…»
Du rire et des larmes
Voici deux ans, Julien Sandrel s'est décidé à écrire et a donc choisi de raconter une de ces multiples histoires qu'il a toujours dans la tête. C'est ainsi qu'est né son premier roman, La chambre des merveilles. Un succès immédiat pour l'histoire à la fois drôle, dramatique et émouvante de Louis, 12 ans et de sa maman, Thelma.
Tout commence un samedi matin alors que Louis sur son skate et Thelma, téléphone professionnel à l’oreille, descendent une rue de Paris pour rejoindre la grand-mère de l’adolescent. Pour attirer l’attention de sa mère, Louis prend de la vitesse et bientôt c’est l’accident, les urgences, le coma et la terrible nouvelle: il y a peu de chances que le garçon s’en sorte.
«Le point de départ de cette histoire c’est une expérience personnelle. J’étais avec mes deux filles sur un trottoir, elles roulaient sur une trottinette mais trop vite. J’ai vraiment eu cette vision d’un accident et je me suis posé cette question: quelle serait ma vie, mes priorités si quelque chose arrivait à mes enfants?»
Après le désespoir, Thelma va réagir. Et avec la découverte, dans la chambre de son fils d’un carnet contenant la «liste de toutes ses merveilles», soit tous ses rêves de jeune ado, elle va décider de les réaliser et de les lui raconter.
«J'avais envie d'évoquer la transformation d'une vie, un parcours initiatique, celui de Thelma qui va complètement revoir ses priorités face à l'accident de son fils.» De Tokyo au stage de foot, Thelma va, avec la complicité d'une infirmière de l'hôpital faire vivre à son fils ses rêves les plus fous et transformer une salle du service de réanimation en «chambre des merveilles».
Des thèmes universels
Autant dire que le roman joue tout autant sur l'émotion que sur l'humour. Les raccourcis sont parfois faciles et certaines situations tirées par les cheveux. Mais on se laisse prendre par cette histoire qui, au-delà de ses couleurs de conte de fées, pose aussi quelques bonnes questions sur la façon dont nous menons nos vies. «Ce que j'aime, explique Julien Sandrel, c'est la grande tradition du roman populaire français du XIXe siècle. En tant que lecteur, je veux me projeter dans une histoire, me laisser emporter. Franchement, l'autofiction que l'on retrouve beaucoup actuellement, ne m'intéresse pas.»
Le succès de La chambre des merveilles démontre qu'il y a, de fait, une réelle attente du public et pas seulement francophone puisque le roman paraît dans une vingtaine de pays. «Je pense que ce succès est dû à l'universalité des thèmes abordés.» Et contrairement à beaucoup d'autres jeunes écrivains, Julien Sandrel n'a pas voulu tenter l'expérience de l'auto-publication sur le net. «Je ne me suis même pas posé la question. J'ai toujours vu la valeur ajoutée d'un éditeur. Et je ne le regrette pas du tout.»
Julien Sandrel, «La chambre des merveilles», Calmann-Levy, 265 p.