Agnès Martin-Lugand: «Je voulais quelque chose de positif»
En quatre romans, Agnès Martin-Lugand a vendu plus d’un million de livres. Rencontre matinale autour du cinquième.
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Publié le 09-05-2017 à 08h16
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Yanis est un artisan doué du bâtiment, Véra travaille dans une agence de voyages. Ils ont trois beaux enfants. Une famille heureuse. Jusqu’à la rencontre de Tristan, charismatique et providentiel client de Yanis. Et une personnalité très ambiguë… Une histoire de rêves, d’ambition et de manipulation.
Quel a été le point de départ de ce roman?
Vraiment, pour la première fois, ce sont les personnages qui sont à l’origine de ce roman, c’est le couple Yanis – Véra qui sont venus à moi. Et après le personnage de Tristan. Et c’est de là que le roman est né. C’est l’envie de passer du temps avec couple et cette famille qui m’a amenée à écrire ce roman.
Tous les hommes vont tomber amoureux de Véra et toutes les femmes de Yanis: ils sont beaux, amoureux, heureux…
C’est un couple qui va bien. Et j’avais envie de montrer aussi que ça peut bien aller, certes pour les amener dans des turbulences après, mais de les poser dans un quotidien joli, une vie de famille qui roule… J’avais envie de commencer sur quelque chose de positif.
Sur votre page Facebook, le jour de la sortie, vous disiez «C’est avec beaucoup d’émotion que je vous confie Yanis et Véra». Vous avez toujours du mal à quitter vos personnages?
Toujours, c’est quelque chose qui ne change pas. Le point final est toujours compliqué à poser. Le jour de la sortie, c’est le grand vertige. C’est toujours beaucoup d’émotion. C’est un mélange de joie, d’excitation, d’adrénaline, de peur…
En lisant le titre, on s’attend à ce que ça parle de musique. Mais non.
Cette phrase me trottait dans la tête depuis longtemps, mais comme une métaphore d’une déclaration d’amour. Je n’avais pas encore trouvé les personnages qui me permettaient de la porter.
Véra dit souvent à ses enfants «Papa travaille, il est très occupé…» Comment vous parlez de votre métier à vos enfants?
Ils ont 8 et 4 ans. Ils m’ont toujours vu écrire, l’un comme l’autre, finalement. Ils m’ont toujours vue derrière l’écran, les mains sur le clavier. Pour eux voilà, maman son travail c’est d’écrire des livres. Ça les intrigue forcément, surtout l’aîné. Il est très curieux de savoir si son nom apparaît quelque part dans le roman. En fait, c’est tout ce qui l’intéresse pour le moment!
Un roman par an, c’est un bon rythme, à part vous et Amélie Nothomb…
Pour le moment, c’est un rythme qui me convient parce que je n’arrive pas à être longtemps sans écrire. Mon année est rythmée en fonction de l’écriture, la promotion, les dédicaces, mes vacances avec ma petite famille. Pour le moment, c’est un rythme dans lequel je trouve mon équilibre, l’inspiration est là, alors j’en profite.
Vous êtes une auteur à succès. Qu’est-ce que ça a changé dans votre écriture?
Je continue d’envisager chaque roman comme un nouveau départ. Je ne me dis pas «il faut que j’écrive un roman à succès». Parce que si je commence à écrire comme ça, j’y perdrais ma sincérité. La pression elle est là, parce que je suis toujours animée par la peur de décevoir. Après, j’ai toujours du mal à réaliser que ça puisse prendre à chaque roman plus d’ampleur, d’avoir plus de lecteurs au rendez-vous tous les ans. Ça reste pour moi complètement fou.
Même après tout ça?
Je me suis toujours dit, «croque le truc parce que ça peut s’arrêter demain», et ça, je continue à me le dire. On n’est à l’abri de rien, mais au moins je l’aurai vécu et on ne pourra pas me l’enlever. C’est aussi la conscience que si on veut que ça continue, il faut travailler, c’est pas le moment de me reposer sur mes lauriers de me dire «c’est bon, j’ai fait le boulot, j’ai écrit 5 romans». Ça ne marche pas comme ça, si j’arrête de m’impliquer dans l’écriture de mes romans, ça ne fonctionnera plus.
Agnès Martin-Lugand, «J’ai toujours cette musique dans la tête», 362p., Michel Lafon.