Antoine Wauters, un Prix Première très poétique
Les auditeurs de la Première ont fait leur choix. Leur prix, décerné hier dans le cadre de la Foire du livre est allé à un jeune auteur belge: Antoine Wauters.
- Publié le 21-02-2014 à 08h22
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Le choix est assez étonnant et montre finalement que les attentes des lecteurs sont bien diverses… Décerné hier sur le coup de 13h30 à la Foire du livre, le Prix Première (voir ci-dessous) est allé à un jeune auteur liégeois, Antoine Wauters pour un très curieux roman, Nos mères. Un ouvrage où la poésie prend des allures de chœur antique. Et où la parole a une vertu libératrice. «C'est un premier roman, nous confie l'auteur, mais j'ai déjà publié des recueils de poésie. Je travaille d'ailleurs au Cheyne et pour L'Arbre à paroles qui sont des éditeurs de poésie.» Même si la forme de ce premier roman n'est pas strictement narrative, ce n'est pourtant plus de la poésie. «C'est une évolution. Mon précédent ouvrage, Césarine de nuit était un conte poétique avec une trame narrative. Je sens en moi le besoin d'une évolution. La prose permet d'aborder les choses plus directement. La poésie ne me satisfaisait plus complètement.»
Le jeune homme, originaire de la région d'Aywaille, formé à la philosophie à l'ULB est entré «naturellement» en écriture. «Je pense que le passage de la philosophie à l'écriture m'était nécessaire. La philosophie avait un côté trop sec et l'écriture m'a permis de retrouver un équilibre. Le roman est encore un passage supplémentaire vers quelque chose de plus joyeux.»
Pourtant son roman, histoire d'enfant touché par la guerre, de femmes, de mères marquées par la violence, là-bas et ici, n'a rien de vraiment drôle… «Je voulais évoquer des thèmes comme la famille, la violence, l'enfance. Je n'y arrivais pas avec la poésie. Puis j'ai fait un voyage au Liban qui m'a vraiment marqué. Mon roman débute dans ce pays en guerre puis évoque, dans sa seconde partie, une autre guerre, celle d'une femme, dans les Ardennes, perdue, dépressive… Des maux qu'on imagine propres à des gens vivant en ville. J'avais envie de placer ce type de personnage dans un cadre plus rural. Je pense qu'il y a des tas de gens comme ça, perdus, ça me touche.»
Pour Antoine Wauters, ce sont finalement deux types de guerres qu'il croise dans ce roman. «La thématique est peut-être un peu sombre mais ce n'est pas noir. Je montre combien l'enfant peut traverser avec utilité toutes ces difficultés puis s'en sortir. Et dans la troisième partie où on comprend le mal-être de la mère adoptive, je fais un travail sur la résilience. L'enfant devenu adulte et écrivain se penche sur un sujet principal qui est sa seconde mère. Il y trouve une forme d'apaisement. Découvre qu'il faut faire un détour par l'autre pour être soi-même.»
Ce qui touche Antoine Wauters dans ce Prix Première, c'est avant tout qu'il reflète le choix de lecteurs. «Ce sont les lecteurs qui l'ont choisi. Ce n'est pas le choix de spécialistes, libraires ou journalistes. Ce retour " par le bas ", c'est vraiment important quand on choisit la voie de l'écriture.»
Antoine Wauters, Nos mères, Verdier, 144 p.