Le trio amoureux de Mimoun
En jouant sur le thème du trio amoureux, Maurice Mimoun offre un premier roman tendre et nostalgique. Empreint d’humanité.
Publié le 24-04-2013 à 06h00
Un roman préfacé par Milan Kundera, c'est rare! Pourtant le chirurgien Maurice Mimoun peut s'en vanter et pour un premier roman! Même s'il a déjà publié deux ouvrages auparavant. «Après mes deux essais, nous confie-t-il, j'avais envie d'écrire sur l'être, l'amour, l'éternité. La complexité de la forme romanesque le permet. Et puis j'avais aussi envie d'explorer cette liberté totale que donne le roman. Quand on est chirurgien, on travaille en équipe. Écrire un roman, c'est être seul et se permettre tout, faire passer tous les sentiments que l'on désire.»
C'est un très classique trio amoureux que l'on retrouve dans Une vie plus une vie. Mais ré-imaginé et puisant dans une enfance omniprésente. «Mes trois personnages, Rania, Simon et Tom sont liés par l'enfance. C'est un lien indéfectible qui n'a rien à voir avec le sexe. Comme il y a deux garçons, à un moment va se poser la question du choix éventuel et de l'amour physique. Simon et Tom sont très différents sinon le choix n'aurait pas de raison d'être!»
Simon, l'intello maladif qui meurt au début de l'histoire (!) et Tom l'homme d'affaires pragmatique qui rêve de pouvoir s'acheter l'éternité aiment Rania. «C'est une femme pragmatique qui a eu une vie assez tumultueuse. A un moment, les deux hommes s'offrent à elle, c'est elle qui va devoir faire le choix et celui qu'elle fait, Tom, n'est peut-être pas à contre-courant. Je pense qu'elle aime Tom et que Simon l'aime, elle. Mais qu'elle aime Tom parce que Simon existe…»
Rania est médecin, Simon pratique la recherche biomédicale… Chassez le naturel, revient-il au galop? «C'est vrai que mon roman aborde des thèmes comme la mort, l'éternité via aussi le milieu médical. Peut-être simplement parce que la position d'un médecin c'est celle d'un observateur. Je ne pense pas que l'idée et la peur de la mort ou de la maladie soient réservées aux médecins. Et on n'y pense pas tout le temps, heureusement, on ne pourrait pas vivre! Mais je crois qu'un médecin voit avec plus de recul les petits soucis de la vie. Qu'il a peut-être plus envie de dire " profitez des bons moments ".»
Dans un récit onirique et plutôt tendre, Maurice Mimoun évoque une histoire qui, ancrée dans la réalité plonge peu à peu dans le fantastique. «Le rêve c'est une manière plus poétique d'écrire, un désir artistique. Ça permet aussi de rentrer plus facilement dans l'inconscient. C'est comme l'eau, qui a également une grande importance dans cette histoire. C'est un milieu nécessaire pour moi, rassurant et inquiétant. La mort et la vie en même temps.»
Un roman réussi, gai et triste à la fois. Comme la vie.
Maurice Mimoun, «Une vie plus une vie», Albin Michel, 200p.