Le bonheur d'être cinquantenaire
Imaginant son double romanesque , Françoise Laborde l'affirme avec lucidité et humour: «C'est encore mieux à cinquante ans!».
Publié le 12-06-2007 à 06h00
Ce dimanche, Isabelle a cinquante ans. Angoissant? Non parce qu'elle est très à l'aise dans son nouvel âge dont elle a décidé de faire un «atout» et un «allié». D'autant plus que cette employée d'une agence de communication à Paris, séparée et mère de deux enfants, a récemment rencontré l'Amour. Nous la regardons vivre pendant une semaine, la suivant dans différentes situations qui sont, pour l'auteur, autant de prétextes à réflexions.
C'est encore mieux à 50 ans, ou aussi bien ?
Pour moi, c'est encore mieux, ne fût-ce que parce que j'ai rencontré l'amour à cet âge-là. Il ne fait jamais renoncer, se dire la vie est finie. Tout est possible. Bien que ce ne soit pas indiqué en couverture, c'est un roman. J'aime bien raconter des histoires et j'avais envie de mettre en scène une femme qui a une vie, un travail, des enfants, plutôt que d'être dans la réflexion pure. Cela me permet de parler indirectement de moi et des personnages de mon entourage. La plupart des histoires qui arrivent à mon héroïne, je les ai vécues.
Vous passez une semaine en revue.
Cela me permet en effet d'attribuer une activité à chaque jour. Le lundi, ce sont les contraintes, le boulot, la vie au bureau; le mardi, la santé, les sorties; le mercredi, les enfants; le jeudi, les courses au supermarché; le vendredi, la gym, les soins, la santé; le samedi, les copines, la paperasse à trier.
Ce livre est un coup de gueule contre le jeunisme actuel ?
Le jeunisme à tout prix, il y a un moment donné où ça n'a pas de sens. À 50 ans, on a acquis une certaine maturité, on est en pleine possession de ses moyens, on est encore agile, actif, on est plus compétent professionnellement. Mais dans notre société, on n'aime pas l'avouer. C'est un âge un peu compliqué, celui des bilans où l'on regarde la route parcourue et celle qui nous reste à faire. Je veux dire à tous ceux et toutes celles qui ont 50 ans que c'est un âge formidable. Ce qui est pathétique, ce sont ces femmes reconfigurées de partout. On ne sait plus si elles ont 40 ou 70 ans tellement elles sont liftées et tirées.
Mais cela touche aussi les jeunes. L'assistante de votre héroïne se fait une liposuccion.
De plus en plus de femmes très jeunes ont recours à la chirurgie esthétique pour se faire refaire les seins, arrondir les fesses, regonfler les lèvres, etc. C'est grotesque. C'est la tyrannie des apparences. Comme si la beauté était un gage de bonheur.
Quand on travaille dans les métiers de l'image, difficile de résister aux pressions ?
Bien sûr, et on y résiste d'autant mieux que l'on s'assume pleinement. Tricher n'est pas une solution. Et, dans le journalisme, l'âge offre quand même une petite valeur ajoutée. Les interviews politiques, par exemple, sont plus faciles si l'on a de la bouteille, du recul.
Vous jouez la provocation lorsque vous écrivez que le sport est dangereux pour la santé.
Je déteste le sport, je n'en fais jamais, même si je pense que c'est effectivement bien d'en faire un peu. Mais passer une matinée par semaine à s'agiter dans tous les sens me semble être un formidable gâchis. Je n'en ai pas le temps, cela ne m'intéresse pas assez, ce n'est pas ma première préoccupation.
Cinquante ans, c'est aussi l'occasion d'organiser de grandes réunions familiales.
On prend le relais de nos parents, on se rend compte que c'est un rôle à tenir à notre tour. C'est une tradition que l'on prolonge et dont on profite autant que nos enfants.
Françoise Laborde, «C'est encore mieux à cinquante ans ! » , Fayard, 231 pages, 16