Michel Gondry: "J’avais le sentiment d’être sur un arbre et d’avoir élagué tout, y compris la branche sur laquelle j’étais"
Dans "Le livre des solutions", en salles ce mercredi, le réalisateur Michel Gondry n’est pas tendre avec l’homme survolté qu’il a été.
- Publié le 19-09-2023 à 10h21
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Comédie dramatique de Michel Gondry. Avec Pierre Niney et Blanche Gardin. En salles le 20/9.
Marc, un réalisateur incompris de ses producteurs, s’enfuit chez sa tante, dans les Cévennes, pour terminer son dernier film. À ses côtés, monteuse et assistante vont devoir serrer les dents pour ne pas lui en coller une. Car Marc a des idées à la pelle qu’il veut voir exécutées dans la seconde.
Toute ressemblance avec une personne réelle est… tout à fait voulue. Marc, c’est Michel Gondry. Dans Le livre des solutions, en salles ce mercredi, le réalisateur français se raconte. Diagnostiqué bipolaire lors du tournage de L’Écume des jours, il fait un autoportrait sans concession.
"C’est un film qui représente cet état mental que j’ai traversé et qui a laissé des traces au présent et un peu dans le futur, détaille Michel Gondry. Il se trouve que j’étais en train de monter un film, j’ai parlé de ce qui s’est passé à ce moment-là mais l’intérêt du film c’est plutôt de voir ce qui n’est pas normal. Ce n’est pas du tout pour montrer comment on fait un film." Aucune leçon de cinéma, donc. Simplement un mec qui bosse et se retrouve dépassé par ce foisonnement d’idées créatrices.
"On peut avoir la tentation de penser que c’est grâce à son état déréglé qu’il a de l’inspiration mais, en réalité, quand il arrive à se réguler, il continue à avoir le même nombre d’idées mais il peut les organiser un peu mieux."
Un hommage à ceux qui l’ont supporté
Le livre des solutions est donc parsemé de moments légers comme cette scène où Marc dirige des musiciens avec ses mains pour leur faire reproduire une mélodie qu’il a en tête. "Je l’ai fait pour un film. Le fait que je n’avais aucune inhibition me poussait à oser des trucs totalement ridicules. "
Pour incarner ce type en pleine crise avec le monde, Michel Gondry a choisi Pierre Niney. Un des meilleurs acteurs de sa génération, selon le réalisateur. "Il peut faire de la comédie et être absolument hilarant mais aussi être sérieux et touchant. C’est ce qu’il me fallait pour jouer Marc. J’arrivais à m’identifier à lui malgré la différence d’âge. J’ai pensé qu’il pourrait avoir ce côté énervant, voire tête à claque et toujours dégager une forme de sympathie. Aussi, surtout grâce aux filles qui sont autour de lui et qui gèrent tout ça de manière directe et honnête. "
À travers ce film, Michel Gondry voulait donc rendre hommage aux personnes qui l’ont supporté durant cette période.
"À un moment donné j’étais dans le train et j’ai réalisé que j’étais fâché avec dix personnes, mes amis principaux, et que ce n’était pas tenable. J’avais le sentiment d’être sur un arbre et d’avoir élagué tout, y compris la branche sur laquelle j’étais. J’avais ce sentiment de ne plus avoir aucun attachement. À partir de là j’ai rappelé les gens. Avec les trois-quarts je suis redevenu ami. C’est pour ça qu’il y a cette histoire de liste à la fin. Ça faisait partie du rétablissement, d’une certaine manière."