Visions [CRITIQUE CINÉMA] – Mayday, la pilote a lâché les commandes
Perturbée par une amante surgie du passé, Estelle se met à avoir d’effrayantes visions… prémonitoires ?
- Publié le 05-09-2023 à 17h00
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Thriller de Yann Gozlan. Avec Diane Kruger et Mathieu Kassovitz. Durée : 2 h 03.
Ce que ça raconte
Estelle n’est pas du genre à perdre le contrôle. Pilote de ligne, elle a placé la rigueur en mantra et parvient parfaitement à mener une vie personnelle épanouissante avec son mari, Guillaume, tout en assurant ses éreintants vols long-courriers. Ils espèrent d’ailleurs accueillir bientôt un enfant dans leur luxueuse villa en bord de mer.
Estelle ne s’attendait donc pas à ce que sa rencontre fortuite avec une ancienne amante, Ana, la bouleverse à ce point. Depuis qu’elle l’a croisée dans les couloirs de l’aéroport, Estelle ne cesse de penser à cette idylle passionnée qu’elles ont vécu vingt ans plus tôt. Son sommeil est perturbé. C’est le moins qu’on puisse dire. Car des visions d’une maison dévastée l’assaillent. À tel point que l’inébranlable pilote ne parvient plus à distinguer la réalité du rêve.
Ce qu’on en pense
Le réalisateur français Yann Gozlan a manifestement apprécié le milieu de l’aviation, déjà en toile de fond de son précédent long-métrage, Boîte noire (notre critique ICI). Ici, on s’intéresse donc à une pilote de ligne qui perd pied. Comme dans le prédécent, on sent que le bonhomme s’est bien renseigné sur le boulot qu’il met en scène. Les gestes sont précis, on y croit. Le milieu de l’aviation est évidemment bien choisi puisqu’il permet d’accentuer la détresse de son héroïne, privée progressivement du contrôle et de la concentration indispensables à l’exercice de son boulot.
Malheureusement, ça coince cette fois au niveau de l’intrigue. Visions est clairement un cran en dessous de Boîte noire.

Inutilement alambiqué, il s’appuie avec excès sur l’accumulation de ces visions cauchemardesques. Les trois quarts du film ne sont ainsi qu’une suite d’images incohérentes. Des flashs, certes parfois accrocheurs et bien léchés mais trop décousus. C’est malin pour nous perdre mais c’est quand même mieux quand on nous donne de temps à autre une explication. Sans cela, le temps paraît long.
Malgré de bonnes idées de mise en scène, Visions donne l’impression d’être un peu paresseux. On sent que le Yann a des références en tête, notamment Hitchcock pour la paranoïa. Mais il n’a pas l’air de les avoir bien digérées. Cela ne suffit donc pas à composer un thriller réellement efficace. Mais on vous rassure, tout prend forme, à la fin. Il savait où il allait mais il nous a juste perdus en route, faute d’indices suffisants.
