Michael Douglas, invité d’honneur à Cannes: "Mon père et ma belle-mère ont eu le coup de foudre sur la Croisette"
L’acteur de Basic Instinct et fils de Kirk Douglas est mis à l’honneur durant cette 76ème édition du festival de Cannes
Publié le 17-05-2023 à 17h20 - Mis à jour le 17-05-2023 à 18h06
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Mardi soir, il a reçu une palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière des mains d’Uma Thurman sur la scène du Festival de Cannes. Au lendemain de la cérémonie d’ouverture, dans une salle pleine à craquer, c’est un Michael Douglas amène et enthousiaste qui été introduit par Thierry Frémaux et accueilli par une standing ovation de journalistes admiratifs. Durant 1h30 de discussion menée par le journaliste français Didier Allouch, l’acteur de 78 ans a parcouru sa filmographie, son rapport au festival, à son père Kirk Douglas. Morceaux choisis.
Revenir à Cannes
« Le Festival de Cannes pour moi, ce sont d’abord des souvenirs d’histoires qu’on m’a racontées quand j’étais enfant. Mon père a rencontré ma belle-mère à Cannes : elle s’appelait Anne, elle d’origine belge, et elle travaillait comme assistante d’un producteur. (la belgo-américaine Anne Buydens, a obtenu la nationalité américaine après son mariage avec Kirk Douglas, NDLR) » se souvient l’acteur, qui raconte avoir été très proche d’elle jusqu’à son décès en 2021. « Ils ont eu le coup de foudre sur la Croisette, et ils ne se sont plus quittés… »
La première fois que Michael Douglas met le pied sur le tapis rouge, c’est en 1978 avec le film Le Syndrome Chinois – pour lequel Jack Lemmon recevra le prix interprétation. Ce qu’il en retient ? « J’ai été soufflé par l’enthousiasme que les Français ont pour le cinéma. Ils aiment le septième art comme personne. C’est pour ça que j’aime le festival de Cannes : c’est une rencontre entre différentes cultures, différentes langues, différents pays – tous réunis autour de l’amour du cinéma. Et puis, bon, les fêtes sont sympathiques aussi (rire) »
« Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, tout ça a perdu un peu de sa liberté. J’en parlais récemment avec Leonardo DiCaprio : il suffit que quelqu’un vous repère quelque part, qu’il donne l’alerte via son téléphone, et d’un seul coup il y a des centaines de personnes ! Mais je ne pense pas que Cannes a perdu de son glamour. Ça reste un endroit de rencontres cinématographiques puissantes. Il y a des festivals de cinéma magnifiques partout dans le monde. Mais Cannes, c’est le ‘primo’ (le premier, le plus important, NDLR) »
Dans l’ombre de Kirk Douglas
« Mon père a débuté dans des rôles de jeune homme sensible – mais c’est avec le film The Champion, où il incarne un boxeur dur et brutal, qu’il décroche sa première nomination aux Oscars. Un rôle différent de ce qu’il avait joué jusque-là. Et en fait, je remarque que j’ai eu un parcours similaire : j’ai joué les jeunes hommes sensibles, et c’est uniquement quand j’ai commencé à incarner des rôles plus ‘sombres’ que j’ai commencé à recevoir plus d’attention. » Et c’est en 1987, quand il est nommé à l’Oscar pour Wall Street, qu’arrive la consécration. « Plus que l’Oscar en lui-même, c’est d’être nommé pour le prix, de me savoir reconnu par mes pairs de l’Académie pour ce rôle, qui m’a vraiment fait sortir de l’ombre de mon père, et de me sentir acteur à part entière »
Les deux Douglas ont même tourné ensemble, en 2003 dans « Une si belle famille » de Fred Schepisi : « Mon père commençait à prendre de l’âge quand j’ai réalisé qu’on n’avait jamais tourné ensemble. Mon ex-épouse Diana, et mon fils Cameron ont des rôles aussi dans le film, donc c’était une chance d’être tous ainsi réunis. D’ailleurs quand on a vu Cameron jouer, mon père et moi on s’est dit : ‘Bon sang, la relève est arrivée’ (rire) »
Des rôles en perte de contrôle
Que ce soit dans The Game, Fatal Attraction, Basic Instinct ou Chute Libre, le comédien a souvent incarné personnages radicaux, en perte de contrôle. « Je fais partie d’une génération qui a traversé la guerre du Vietnam, et dont l’existence a été traversé par le dilemme de la bonne décision. J’ai été souvent attiré par des personnages qui sont mis face à des situations impossibles – d’affronter une femme armée d’un couteau, à devoir traverser Los Angeles embouteillé : comment vont-ils réagir ? Prendront-ils la bonne ou la mauvaise décision ? »
Fatal Attraction
« Je me souviens d’une des premières projections du film. Il y a une scène dans laquelle mon personnage, après avoir couché avec Glenn Close, retourne chez lui et défait son lit – pour donner la fausse impression qu’il y a dormi. Et à ce moment-là, le public a rigolé. La productrice s’est retournée, stupéfaite, et m’a dit : « Incroyable, ils t’ont déjà pardonné » (rire). Quand le film est sorti en France, on m’a dit ‘Ne vous inquiétez pas, le film sera très bien reçu, ici les Français ont tous des amantes’ (rire) Je peux vous assurer que chaque femme française a emmené son mari au cinéma voir ce film… ! »
Basic Instinct
« Avec Paul Verhoeven (le réalisateur, NDLR) on avait un bon scénario, et on cherchait l’actrice idéale. Paul savait qu’il y aurait beaucoup de scènes de nu, donc pendant le casting, il n’arrêtait pas de dire aux candidates : ‘Nudité, beaucoup de nudité’ – je lui disais ‘Paul ne dis pas ça comme ça tu vas les faire fuir’ (rires). J’étais en Europe quand il a rencontré Sharon Stone, il lui a donné la réplique, puis m’a envoyé la cassette vidéo. Et quand je l’ai vue, j’ai su qu’on l’avait trouvée. »
Le Président et Miss Wade
Son rôle de Président américain au cinéma a valu à Michael Douglas une invitation par Bill Clinton à la Maison Blanche. « C’était à l’occasion d’un dîner avec … Jacques Chirac (rires dans la salle). J’arrive devant la Maison Blanche, et il y a une fille pour l’accueil. Et là je vois Bill avec Hilary à côté de lui, et Chirac avec Bernadette. Clinton me voit, il me dit ‘Michael, viens ici’. » Joignant le geste à la parole, Douglas se lève de son siège et rejoue la scène devant le public de journalistes amusés. « Il m’a placé à côté de sa femme, et puis il m’a serré la main en me disant : ‘Hello Mister President’. C’était un moment magique. »
76ème festival de Cannes – du 16 au 28 mai – www.festivaldecannes.com