Pourquoi le festival de Cannes demeure incontournable

Le Covid l’a fait trembler sur ses bases, mais le festival de Cannes est redevenu lui-même. Et sera plus glamour que jamais en 2023. Début des hostilités ce soir (et sur France 2).

Pedestrians wearing hats walk in front of the official poster of the 76th Cannes Film Festival featuring a photograph of actress Catherine Deneuve by Jack Garofalo, on the facade of the Palais des Festivals in Cannes, southeastern France, on May 15, 2023. Cannes Film festival will take place from May 16 to May 27. (Photo by LOIC VENANCE / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY MENTION OF THE ARTIST UPON PUBLICATION - TO ILLUSTRATE THE EVENT AS SPECIFIED IN THE CAPTION
La photo de Catherine Deneuve choisie pour l’affiche de cette édition trône déjà sur la façade du Palais des Festivals. ©AFP or licensors

Le cliché en noir et blanc de Catherine Deneuve, capté en 1968 lors du tournage de La chamade d’Alain Cavalier, a trouvé sa place, dimanche, au frontispice du Palais, centre névralgique du festival de Cannes, dont la 76ème édition débutera ce mardi pour se poursuivre jusqu’au 27 mai, lorsque sera dévoilée la Palme d’or 2023. Onze jours lors desquels la cité azuréenne se réaffirmera comme la capitale du septième art européen, après avoir été menacée dans son statut par Venise dans l’immédiat après-Covid. Alors, qu’est-ce qui rend Cannes aussi unique?

1. Une vitrine inégalable pour les films…

Cannes, il vaut mieux y être, quitte à y prendre une volée de bois vert, que pas du tout. En 2022, Top Gun : Maverick avait été présenté hors compétition. Résultat : un carton au box-office mondial – le premier de l’ère post-covid. C’est ce qui explique qu’un Martin Scorsese présentera son Killers of the Flower Moon hors compétition cette fois. Ou que sera aussi projeté Indiana Jones et le cadran de la destinée, dernier né de la franchise initiée en 1981 par Steven Spielberg, et alors que le précédent opus… y avait été solidement éreinté en 2008.

2. … et pour les artistes

Une montée des marches suffit parfois à remettre en selle des artistes à la réputation chancelante : Tom Cruise, encore lui, peut en témoigner : l’an dernier, sa venue avait même été honorée par la Patrouille de France, venue assurer la plus formidable des promotions pour son blockbuster. Johnny Depp (on va y revenir) espère marcher sur ses traces tandis que sont attendus sur le tapis rouge des artistes comme Harrison Ford (qui recevra une Palme d’honneur), Robert De Niro, Leonardo DiCaprio, Margot Robbie, Pedro Pascal, Scarlett Johansson, Marion Cotillard, Virginie Efira, et Chiara Mastroianni, fille de Catherine Deneuve... et maîtresse de cérémonie.

<p>Les pilotes de la "Patrouille de France" survolent le Palais des Festivals à l'arrivée de Tom Cruise (c) et Jennifer Connelly pour la présentation du film "Top Gun: Maverick", le 18 mai 2022 à Cannes</p>
L'an dernier, les pilotes de la "Patrouille de France" avaient survolé le Palais des Festivals à l'arrivée de Tom Cruise et Jennifer Connelly pour la présentation de "Top Gun: Maverick". ©AFP

3. Une caisse de résonnance

Revers de la médaille dont se passeraient bien les organisateurs : Cannes est une caisse de résonnance parfaite pour qui veut faire entendre un message. Ce fut le cas en 1968, avec Truffaut et Lelouch en soutiens des révoltes étudiante et ouvrière. Et… pourrait l’être encore cette année puisque le climat social reste tendu autour de la réforme des retraites, et que certains syndicats ont menacé l’événement d’actions. La CGT Energie a même évoqué des «perturbations énergétiques». Et une salle de cinéma sans courant, tout de suite, ça fonctionne beaucoup moins bien. Reste qu’il faudra déjouer le dispositif de sécurité, son millier de policiers, gendarmes ou agents de sécurité, et ses… 833 caméras de vidéo-surveillance aux aguets.

Cannes: son Palais, sa sécurité renforcée.
Cannes: son Palais, sa sécurité renforcée. ©AFP

4. Parce qu’on y vit de polémiques

Que serait Cannes sans son lot de polémiques? Et en 2023, on pourrait être gâté d’entrée avec la présentation de Jeanne du Barry, le nouveau film de Maïwenn (Polisse), en ouverture du festival. La réalisatrice est en effet dans l’oeil du cyclone depuis qu’elle a agressé, dans un restaurant, le journaliste et fondateur de Médiapart Edwy Plenel, tandis que l’acteur principal de son film se nomme Johnny Depp, blacklisté par Hollywood depuis les accusations de violence conjugale proférées par son ex-femme. Pour ne rien arranger, Le retour, de Catherine Corsini, est en lice pour la Palme d’or alors que la réalisatrice est accusée de ne pas avoir déclaré – comme la loi le prévoit – le tournage d’une scène explicitement sexuelle, mais simulée, impliquant une actrice de moins de 16 ans. Ses financements publics lui ont donc été retirés… mais pas son invitation cannoise.

Catherine Corsini attending the premiere of the movie The Innoncent during the 75th Cannes Film Festival in Cannes, France on May 24, 2022. Photo by Julien Reynaud/APS-Medias/ABACAPRESSS.COM
Catherine Corsini était déjà de la partie en 2022. Elle revient cette année, malgré les polémiques. ©BelgaImage/Reynaud Julien/APS-Medias/ABACA

5. Parce qu’il a su évoluer (mais pas trop)

Sept femmes figurent parmi les 21 cinéastes qui concourront pour la Palme. Un record qui prouve qu’à sa façon, le festival a su évoluer. A contrario, la sélection officielle comporte toujours son lot de «barons», des abonnés à vie qui ont pour noms, cette année, Nanni Moretti, Wim Wenders ou Ken Loach, en compétition pour la… quinzième fois!

6. Parce qu’il y a toujours des Belges

Après le feu d’artifice de 2022, avec les prix attribués à Close, Tori et Lokita ou Les huit montagnes, aucun film belge ne sera candidat à la Palme. Nos représentants devront se «contenter» des sections parallèles : Il pleut dans la maison, de Paloma Sermon-Daï, et Augure, de Baloji (l’ex-chanteur de Starflam) convoiteront la Caméra d’or, destinée au meilleur premier film. Le Syndrome des amours passées, d’Ann Sirot et Raphaël Balboni, sera quant à lui présenté à la Semaine de la Critique. Enfin, la Quinzaine des Cinéastes (appellation désormais non genrée de la Quinzaine des Réalisateurs), verra la projection de L’Autre Laurens, de Claude Schmitz, et Mambar Pierrette, de Rosine Mbakam.

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