Beau is afraid [CRITIQUE CINÉMA] – Cauchemar grandeur nature

Attachez vos ceintures: Joaquin Phoenix vous emmène dans la nouvelle comédie horrifique du réalisateur de "Midsommar".

Elli Mastorou
 Vous ne sortirez pas indemnes de ce cauchemar dystopique grandeur nature avec Joaquin Phoenix.
Vous ne sortirez pas indemnes de ce cauchemar dystopique grandeur nature avec Joaquin Phoenix. ©-Takashi Seida

Comédie/horreur de Ari Aster. Avec Joaquin Phoenix, Patti LuPone, Parker Posey et Denis Ménochet. Durée: 2 h 59.

Avez-vous déjà rêvé que vous devez vous rendre quelque part, mais vous en êtes sans cesse empêché ? Vous n’êtes pas dans la réalité, pourtant la peur de rater le rendez-vous est bien vraie. Cette peur, Ari Aster en a fait la matière première de son film, qui lui donne aussi son titre. Beau, le héros incarné par un Joaquin Phoenix grassouillet et dégarni, a peur. Et il a de quoi: pendant les trois heures durant lesquelles va se dérouler son aventure, c’est comme si quelqu’un avait orchestré, spécialement pour lui, une compilation de toutes les phobies, angoisses et culpabilités possibles et imaginables auxquelles un être humain peut être confronté. De l’arachnophobie à l’agoraphobie et au cambriolage, en passant par rater son avion, perdre ses clefs ou apprendre la mort de sa mère, toutes les cases sont cochées. Et quand parfois le récit offre à Beau un peu de répit, ce n’est que pour ensuite mieux recommencer.

Une comédie noire et exutoire

On sait: sur le papier, ce film n’a pas de quoi faire rêver – on peut même franchement parler de cauchemar éveillé. Loin de tout réalisme, le monde de Beau se situe dans un univers dystopique (et freudien sur les bords) aux couleurs saturées, entre les Hunger Games et Truman Show. Quelle personne sensée aurait envie de passer trois heures là-dedans ? Pourtant Beau is Afraid est bien une comédie ; une comédie noire et quelque part, exutoire – après tout, le cauchemar n’est pas le nôtre. Il y a définitivement quelque chose de cathartique dans cette traversée tantôt drôle, tantôt horrifique, dont les frissons de terreur qu’elle provoque rappellent ceux des montagnes russes ou de la galerie des miroirs d’un parc d’attractions.

Le réalisateur de Midsommar et de Hereditary signe une sorte de Dalton Terror cinématographique, tant dans la forme que sur le fond: refusant catégoriquement d’expliquer son film, il préfère inviter le spectateur à y trouver ses propres clefs. Ou les perdre.

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