Emmanuelle Nicot évoque l’inceste, mais pas que, dans "Dalva": "L’histoire d’une reconstruction"

Derrière son sujet sombre, "Dalva" est un récit de reconstruction lumineux. Rencontrée au dernier Festival de Cannes où le film a fait sa première, la réalisatrice française Emmanuelle Nicot évoque son processus de fabrication.

Elli Mastorou
 La jeune actrice française Zelda Samson a été choisie au terme d’un long processus de sélection.
La jeune actrice française Zelda Samson a été choisie au terme d’un long processus de sélection. ©Diaphana Distribution

"Je ne voudrais pas qu’on résume Dalva à un film sur l’inceste. C’est le point de départ, mais j’ai voulu raconter une histoire de reconstruction, un chemin vers la lumière".

Emmanuelle Nicot choisit soigneusement ses mots pour parler de son premier long-métrage, qui aborde le sujet délicat des violences sexuelles sur les enfants à travers l’histoire de son héroïne éponyme.

À 12 ans, Dalva est retirée de la garde de son père, et placée dans un foyer. Le film débute à ce moment-là, quand l’horreur est derrière elle. Réticente d’abord, Dalva résiste, ne comprenant pas ce qu’elle fait là. Mais grâce à la patience du personnel et des autres ados du foyer, la jeune fille va déconstruire peu à peu ce qui est arrivé, et reconstruire l’enfance qui lui a été retirée.

"J’ai passé deux semaines en immersion dans un centre d’accueil d’urgence pour adolescents en France. J’ai rencontré des enfants qui avaient été retirés de leur famille, pour cause de maltraitances avérées, et qui continuaient à faire bloc avec leur famille, contre la justice. Pour eux, c’est la justice qui était injuste de les avoir placés. J’ai été frappée par ce déni profond – qui est en fait un mécanisme de défense, pour protéger de l’emprise " raconte la cinéaste native de Sedan dans les Ardennes françaises, et formée au cinéma à l’IAD de Louvain-La-Neuve.

Candeur et assurance

Cette emprise est racontée dans Dalva d’un point de vue sensible et radical: celui de son héroïne, incarnée avec force par la jeune Zelda Samson. La jeune comédienne a été repérée par la réalisatrice à travers un long processus de casting en France et en Belgique: "J’ai eu un coup de cœur pour elle. Elle avait un discours très mature pour son âge. J’ai été touchée par son mélange de candeur et d’assurance." Un mélange qui s’incarne dans sa performance, l’assurance de Dalva laissant peu à peu place à la candeur de l’enfance.

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