Marlowe [CRITIQUE] - Le détective privé trop policé
Une tentative ratée de faire revivre le détective Marlowe, archétype du personnage de roman noir.
Publié le 14-03-2023 à 17h00 - Mis à jour le 15-03-2023 à 15h15
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Fin des années trente, quelque part du côté de Los Angeles. La richissime Clare Cavendish s’installe dans le bureau du détective privé Philip Marlowe. Son ancien amant a disparu depuis un moment et elle aimerait savoir ce qu’est devenu le bonhomme.
Avec sa carrière qui bat de l’aile, Marlowe n’a pas trop le choix, il accepte la mission. S’il avait su que ça le mènerait à mettre le nez dans les affaires des pires canailles de Hollywood, il y aurait peut-être réfléchi à deux fois. Ou peut-être pas, finalement…
Vous avez certainement déjà lu/vu/entendu ce style d’histoire. Neil Jordan ( Entretien avec un vampire) veut en effet ressusciter le genre un peu vieillot du film noir. Malheureusement, il passe à côté. Il confond langueur et torpeur. L’intrigue est inutilement tarabiscotée et semble s’étirer pour livrer une fin entendue. Clairement, ce n’est pas catastrophique, mais on s’en serait bien passé.
Un vieux de la vieille
Pourtant, sur papier, elle donnait envie cette affaire. Pour ceux qui ne sont pas familiers du genre, Philip Marlowe, c’est un personnage de roman policier créé dans les années trente par Raymond Chandler. L’écrivain a imaginé un archétype du fin limier désabusé qui fait triompher la moralité mais n’est pas contre le fait de donner quelques gifles à l’occasion.
Vivant à Los Angeles, Marlowe est témoin de la corruption des flics et politiciens californiens, qu’il a en horreur. Bref, on a là du bon matériel pour élaborer une intrigue digne d’intérêt.
Mais pour ça, il fallait créer une ambiance. Et c’est peut-être là que le bât blesse le plus. C’est trop poli. Les décors sont jolis, la reconstitution très propre, Monsieur le détective est bien habillé, les femmes fatales autour de lui aussi, mais il manque de l’épaisseur. Ça ne sent pas suffisamment le vieux cigare et le whisky. Un film noir, normalement, s’accompagne d’une atmosphère poisseuse. On n’est pas dans un monde aseptisé, bien sûr, mais il manque quelque chose.
Notre réalisateur confie le rôle du détective à Liam Neeson qui troque un temps ses bastonnades pour un chapeau et un costume trois-pièces. Le gaillard fait son petit possible pour faire exister le personnage. En vain. Faut dire qu’il marche sur les traces d’Humphrey Bogart qui a incarné le détective Marlowe dans Le Grand sommeil en 1946.
Il y avait de quoi faire, donc. D’où la déception d’autant plus grande de n’avoir affaire qu’à un divertissement mineur.
Film policier de Neil Jordan. Avec Liam Neeson, Diane Kruger et Jessica Lange. Durée: 1 h 50.