Empire of Light [CRITIQUE] - La magie du grand écran
Non, derrière ce titre ne se cache pas un biopic sur René Magritte, mais une lettre d’amour lumineuse adressée aux salles obscures, signée Sam Mendes.
Publié le 07-03-2023 à 17h00
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ZZ222ZBNTVCGFK5M4SL6OAYZXI.jpg)
Après le flamboyant Babylon de Damien Chazelle en janvier, et le nostalgique Fabelmans de Steven Spielberg en février, ce mois-ci au tour de Sam Mendes ( Les noces rebelles, 1917) de signer une lettre d’amour au cinéma.
Hasard du calendrier ou coïncidence d’humeurs chez les réalisateurs ? Quoi qu’il en soit, avec son nouvel opus Empire of Light le réalisateur de Skyfall, né de ce côté-ci de l’Atlantique, livre pour sa part un hommage au septième art loin des sirènes d’Hollywood, dans un pur style britannique.
Une romance inattendue
Quelque part au début des années 80, Hilary (Olivia Colman) travaille comme responsable dans une salle de cinéma à Margate, une ville sur la côte anglaise. Tous les matins, elle déverrouille les portes du bâtiment, dressé fièrement devant la plage, avec son nom gravé sur la façade en grandes lettres de néon: "Empire".
Tous les jours, Hilary lance la machine à pop-corn, remet en place les barres chocolatées, déchire le billet des spectateurs avant de les laisser entrer. Tous les soirs, Hilary vérifie que personne ne s’est endormi dans les rangées. Un quotidien morne, sous l’œil de ses collègues, dont Norman le projectionniste affable (Toby Jones), et Donald le patron (Colin Firth), avec lequel Hilary vit une aventure secrète dénuée de toute passion.
On le comprend à ses yeux éteints, aux cachets qu’elle prend et à ce sentiment de ne plus rien ressentir qu’elle confie à son médecin: la santé mentale d’Hilary est fragile. Mais l’arrivée de Stephen (Micheal Ward), un nouvel employé, va lui faire oublier pour un temps son quotidien terne. Entre les murs du cinéma "Empire", ces deux-là vont se lier à travers une romance inattendue et singulière. Dans cette salle obscure, l’un et l’autre vont s’apporter mutuellement un peu de lumière.
Inoubliable Olivia Colman
À partir de ses souvenirs d’enfance, Sam Mendes compose un film mélancolique et tendre, et qui derrière l’hommage au septième art concilie plusieurs sujets, du racisme (vécu par Stephen) à la santé mentale (Hilary est inspirée de sa mère bipolaire), de la romance à la quête d’identité.
La beauté du film tient aussi beaucoup à sa superbe photographie, avec ses ambiances balnéaires eighties délicatement sépias, et le charme cossu de cette salle de cinéma. Last but not least, la lumière du film vient aussi de la performance inoubliable d’Olivia Colman, une des plus belles de ce début d’année.
De Sam Mendes. Avec Olivia Coleman, Micheal Ward, Colin Firth et Toby Jones. Durée: 1 h 59.