Creed III [CRITIQUE] - L’émancipation du poulain

Le nouveau volet de la saga dérivée des Rocky reprend la formule, mais en s’éloignant (un peu) des valeurs originelles.

Élise Lenaerts
 Maintenant qu’il est au sommet, le boxeur doit affronter son passé.
Maintenant qu’il est au sommet, le boxeur doit affronter son passé. ©Copyright 2023 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All Rights Reserved

Troisième round pour Adonis Creed, le protégé de Rocky Balboa. On retrouve notre gaillard sept ans plus tard. Retraité, le boxeur mène une vie (très) confortable en famille et chapeaute les combats des jeunes pousses de son club de boxe.

Son quotidien est tellement parfait qu’il en viendrait à trouver le temps long. Mais une vieille connaissance va mettre un peu d’animation dans tout ça. Et, qui sait, pousser l’ancien champion des poids lourds à enfiler à nouveau les gants.

On vous rafraîchit la mémoire ? La saga Creed s’intéresse au parcours d’un jeune boxeur, le fils d’Apollo Creed, le rival de Rocky. Le gars n’a jamais connu son père et a vécu une jeunesse difficile, jusqu’au jour où la star Rocky accepte de devenir son entraîneur.

L’idée est donc d’assurer l’héritage de Rocky avec une saga prônant les mêmes valeurs: le dépassement de soi, la famille, le respect de l’adversaire. Le tout agrémenté de sueur, de côtes cassées, d’yeux tuméfiés et de giclées de sang, bien sûr.

Bye bye Rocky

Les deux premiers volets ont plutôt bien fait le taf. L’ami Stallone a transmis son savoir à son poulain. Qui vole désormais de ses propres ailes. Rocky est en effet totalement absent de ce troisième volet. Pas même une mention ou un clin d’œil, nada, c’est comme s’il n’avait jamais existé. Sylvester Stallone n’a d’ailleurs pas été tendre vis-à-vis de Michael B. Jordan, l’interprète d’Adonis et réalisateur de ce nouvel épisode, déclarant qu’il ne verrait jamais Creed 3.

Un jugement hâtif, dicté par l’orgueil, sans doute. Une petite mention n’aurait pas fait de mal mais le personnage de Rocky a fait son temps. On ne tapera pas sur Michael B. Jordan qui s’en sort correctement pour son premier film en tant que réalisateur.

Les scènes de boxe sont bien fichues, impressionnantes parfois. C’est cousu de fil blanc, surtout si on a vu les précédents, mais dynamique. On a droit aux entraînements et aux démonstrations de virilité qu’on attend de ce type de film.

Cela dit, ce Creed troisième du nom s’éloigne de plus en plus de l’esprit des Rocky. Le célèbre boxeur a en effet cogné et fait exploser des mâchoires mais il a toujours gardé un côté "attendrissant". C’est le héros au grand cœur, en somme.

Adonis, lui, révèle ici une part sombre. On sent un glissement vers quelque chose de plus hargneux. La marque d’une autre époque, probablement.

Drame de Michael B. Jordan. Avec Michael B. Jordan et Tessa Thompson. Durée: 1 h 57.

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