Lambert Wilson : "J’aimerais tellement vivre loin de tout"

"Les choses simples", en salles cette semaine, critique notre mode de vie effréné. Un thème dans l’air du temps, dont nous a longuement parlé un Lambert Wilson inspiré. Et un poil fataliste.

Élise Lenaerts
 Un chef d’entreprise va apprendre à se poser, plutôt que de courir à longueur de journée.
Un chef d’entreprise va apprendre à se poser, plutôt que de courir à longueur de journée. ©Ciné Nomine-Same Player

Sur une petite route de montagne, Vincent, un PDG pressé et débordé, tombe en panne. Un bonhomme passe par là et le ramène chez lui, dans son chalet perdu au milieu de nulle part. Ils partagent une omelette, en silence, et Vincent se met à réfléchir à son existence.

Lambert Wilson a été séduit par la thématique des Choses simples, dans lequel il incarne ce chef d’entreprise qui aspire à ralentir, à profiter de la vie et à renoncer aux envahissantes technologies.

"C’est un sujet qui me préoccupe beaucoup. Les patrons des grandes marques réussissent à fourguer au public des objets qui sont sans arrêt renouvelés et qui rendent les gens addicts alors qu’ils ne sont pas strictement nécessaires. Ils rendent la planète dingue. Le monde ira jusqu’à sa perte par cette fascination de la consommation des biens matériels, du dernier téléphone, du dernier moyen de communication." L’acteur le reconnaît, il est assez pessimiste sur la question. "J’ai fait beaucoup de militantisme pendant vingt ans avec Greenpeace et je pense que malgré toutes les annonces, tous les cris d’orfraie de la communauté scientifique, les chiffres sont pires d’année en année. On n’écoute pas, on continue à consommer, à privilégier les énergies fossiles, on continue à acheter des objets totalement inutiles. Pendant ce temps-là, la planète ne tient plus. Donc c’est difficile de se dire qu’on ne va pas aller droit dans le mur. Maintenant, j’ai rejoint une partie de la communauté scientifique qui dit qu’il ne faut plus mettre en garde mais essayer simplement de s’adapter. "

Lambert Wilson ne voit cependant pas tout en noir, tous les jours. Il garde le petit espoir qu’une génération va changer totalement de paradigme et commencer à fonctionner d’une manière différente.

"Je pense qu’il y a quelque chose dans l’air du temps, qui flotte. On se demande si on ne s’est pas plantés. Est-ce que le fait d’aller dans un shopping à l’extérieur d’un centre historique nous rend heureux ? Est-ce qu’on préfère aller chez McDonald plutôt que dans le bistrot du coin ? Parce que maintenant, la réalité dans les villages c’est qu’il n’y a plus un seul café, les centres-villes sont abandonnés et on se retrouve dans une laideur absolue."

Le comédien observe ainsi qu’en Bourgogne, où il vit, des gens reviennent avec l’envie de vivre dans le cœur d’une petite ville avec des interactions moins superficielles que les réseaux sociaux et les écrans de télévision.

De quoi le rassurer. Partiellement. "J’aimerais tellement vivre loin de tout, je partirais sur une île grecque ou dans le Valais ", confie-t-il. Mais ce n’est pas pour tout de suite. "Je vis un paradoxe entre mon désir de me retirer du monde et mon désir de participer à des actions parce que j’aime mon métier, même s’il est très chronophage, anxiogène. J’y trouve du divertissement, ça me nourrit intellectuellement, j’aime bien le contact humain. " Même s’il a atteint l’âge de la retraite, Lambert Wilson n’est donc pas prêt à se retirer. Car il a encore deux-trois trucs à raconter.

"Les choses simples", comédie d’Éric Besnard. Avec Lambert Wilson et Grégory Gadebois. Durée: 1 h 35. Sortie le 22/2.

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