« La guerre des Lulus » passe du papier à l’écran (interview)
En salles cette semaine, " La guerre des Lulus " cause de la Première Guerre mondiale aux enfants en suivant les aventures de quatre orphelins. Et c’est tiré d’une (bonne) BD.
Publié le 15-01-2023 à 19h00
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KVBQ6M5SAZCVLNLEVYCAUCUZGA.jpg)
Ils sont quatre, orphelins et sont nés à une époque où ça chauffait en Europe. Eux, ce sont les Lulus, pour Lucien, Ludwig, Lucas et Luigi. Les aventures de cette bande de gamins pendant la Première Guerre mondiale s’étalent en bande dessinée sur dix tomes. Yann Samuell a adapté les trois premiers au cinéma et ça sort cette semaine chez nous.
L’idée ne vient pas de lui mais le bonhomme s’est laissé convaincre par les producteurs. Il faut dire que son C.V. le plaçait en tête de liste puisque c’est à lui qu’on doit La guerre des boutons. "De prime abord, je n’étais pas très enthousiaste parce qu’il me semblait que j’avais déjà fait le tour des films pour enfants avec La guerre des boutons, raconte Yann Samuell. Une fois que je l’ai lu les bandes dessinées, j’ai été embarqué parce que c’est fort. Il y a des grandes valeurs: le fait de tendre la main vers l’autre, de ne pas avoir peur de l’étranger, de l’inconnu. Et puis cette résilience des enfants. J’aime aussi beaucoup l’idée de ces orphelins qui débutent dans la vie avec rien et qui découvrent le monde au moment où il est en train de s’autodétruire. Ils font le chemin inverse de l’univers qu’on leur propose. Eux sont en pleine construction, ils se fabriquent une famille, une fratrie, alors que le monde est en ruines. Je trouvais que c’était de belles métaphores à défendre et des valeurs qui sont assez essentielles par les temps qui courent."
La guerre à portée d’enfant mais réaliste
Le réalisateur a donc effectué des recherches historiques pour rendre compte de l’époque. La guerre des Lulus est en effet destiné aux enfants, mais il n’élude pas les drames de la guerre, filmant les champs de bataille et les blessés.
"Je ne me serais pas senti honnête vis-à-vis du public si j’avais fait un film qui s’appelle La guerre des Lulus en ne montrant que les Lulus et jamais la guerre. Pour moi, la guerre est un personnage, à l’égal des Lulus, même si c’est immatériel. Il y a des personnages qui doivent mourir, d’autres qui sont frappés de plein fouet par les horreurs de la guerre." Raison pour laquelle les Lulus passent par le front. "Il fallait que mes personnages aillent jusqu’à voir l’incohérence et l’aberration de ce qu’est une guerre, il fallait qu’ils soient aux premières loges. "
Cette adaptation est donc un film familial qui tente de montrer des facettes méconnues de la Grande Guerre. "C’est quasi une révolution féministe qui s’est passée. Cette guerre qui était mécanique, industrielle, envoyait tous les hommes au front et la société tombait entre les mains des femmes ", avance le réalisateur. Il a donc ajouté des personnages comme Louison qui décide de rester au village parce qu’il faut bien que quelqu’un le tienne. Il montre également une infirmière qui s’évanouit moins que les autres quand elle voit du sang et recoud donc les patients plutôt que les draps. "C’est une réalité, c’était important de dire qu’on leur a donné une expérience qu’elles n’auraient pas pu acquérir autrement. "
La guerre des Lulus regarde donc le conflit à hauteur d’enfant, mais sans les prendre pour des idiots.
Film d’aventure de Yann Samuell. Avec Isabelle Carré, Didier Bourdon et Léonard Fauquet. Durée: 1 h 49. Sortie le 18 janvier.