Le maestro Pierre Arditi face à son fils
Pierre Arditi manie la baguette d’un chef d’orchestre éclipsé par son fils dans " Maestro(s) ", en salles cette semaine.
Publié le 05-12-2022 à 10h22
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François Dumar, célèbre maestro, apprend qu’il a été désigné pour diriger l’orchestre de La Scala de Milan, son rêve. Malheureusement pour lui, c’est en réalité à son fils, chef d’orchestre lui aussi, qu’on a réservé le poste. De quoi tendre un peu plus leur relation déjà compliquée…
Pierre Arditi, que vous a évoqué le fait de jouer un chef d’orchestre ?
Ça m’a rappelé des souvenirs parce que je l’avais déjà fait. J’ai été élevé par des parents très mélomanes, qui aimaient la musique classique: Mozart, Bach,… Le dimanche, j’ouvrais la fenêtre de l’appartement où nous habitions, je mettais un disque et je dirigeais cet orchestre imaginaire devant la fenêtre en me disant que peut-être une jolie jeune fille lèverait les yeux vers moi, charmée par ce que j’étais en train de faire. J’avais 13-14 ans et ça marchait pas mal. Puis j’ai fait ça beaucoup plus tard au théâtre quand j’ai incarné le père et le fils Strauss dont le rapport ressemblait au rapport du père et du fils dans Maestro(s). Le père est devenu jaloux du fils, il avait du succès, mais c’était un homme assez austère qui ne pensait pas que son fils passerait devant et deviendrait une star mondiale.
Votre père était peintre, vous avez vécu la même chose ?
J’ai eu ce rapport-là pendant un moment, oui. J’étais le fils de Georges Arditi puis un jour mon père est devenu le père de Pierre Arditi. Il m’aimait beaucoup, mais ça n’a pas été facile à vivre. J’ai pris la place de la vedette. Il a souffert et moi j’ai souffert aussi. Heureusement, au bout d’un temps, ça s’est calmé.
C’est un bon père, selon vous ?
Ça n’existe pas un bon père. Même le mien qui est un phare pour moi n’a pas toujours été un bon père. Il y a des moments où on ne répond pas aux questions, où on est maladroit, où on fait du mal sans s’en rendre compte. C’est difficile les êtres humains. Les parents, c’est des tueurs. Je peux vous en parler, j’en suis un. Alors on l’est plus ou moins. C’est ma vision des choses, elle est un petit peu dure.
Comme ce chef d’orchestre vous avez encore un Graal à atteindre ?
C’est toujours pareil, vous jouez, vous avez mille personnes qui vous trouvent formidable mais une personne qui ne vous trouve pas bien et il n’y a que ça qui vous marque. Je peux encore, même à mon âge, avoir des préoccupations de ce genre. Ça m’arrive moins, mais je ne m’en débarrasse pas comme ça.
Vous ne ressentez jamais de lassitude ?
Je ne suis pas blasé. Si c’était le cas, j’arrêterais. On ne peut pas faire un métier comme ça blasé. La retraite pour un acteur, c’est la mort. Il y a encore des gens qui ont envie de me voir jouer, j’ai encore envie de jouer donc je continue.
Drame de Bruno Chiche. Avec Yvan Attal et Pierre Arditi. Durée: 1h27. Sortie le 7/12.