Festival de Cannes: les 4 enjeux de l’édition 2022
Le Festival de Cannes retrouve son créneau printanier pour une 75e édition qui pourrait bien marquer une nouvelle ère.
Publié le 17-05-2022 à 10h51 - Mis à jour le 17-05-2022 à 14h24
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Du 17 au 28 mai, Cannes sera la capitale du 7eart. À nouveau… ou enfin, selon qu’on considère cette 75eédition comme le prolongement de celle de 2019, la dernière à s’être déroulée dans des conditions sanitaires "normales", ou comme la première d’une nouvelle ère. Les enjeux seront multiples, d’ailleurs, pendant ces dix jours passés sur la Croisette. On fait le topo.
1.Retrouver sa place au soleil
La crise du Covid aura fait du mal au rendez-vous cannois, qui aura cessé d’être, pendant deux ans, le festival le plus glamour de la place. Annulée, la cuvée 2020 n’aura trouvé qu’un piètre pis aller avec une édition numérique qui n’avait convaincu personne. La suivante avait, elle, été contrainte de "s’exiler" à l’été, à une période où les contraintes sanitaires devaient être moins lourdes. Pendant ce temps, la Mostra de Venise est, elle, parvenue à passer entre les gouttes et a quelque peu remplacé Cannes dans le cœur des festivaliers… et les agendas des professionnels. En retrouvant ses dates d’avant-crise sanitaire, le festival de Cannes espère donc reprendre la place qui était la sienne jusqu’alors: la première.
2.Séduire les jeunes…
Après 28 ans, Canal +, partenaire historique du festival, ne sera plus son diffuseur officiel en 2022 . Ce sont France Télévisions, via sa plateforme Culturebox, et surtout Brut, un média vidéo fondé il y a cinq ans par un ancien de… Canal +, qui s’en chargeront. Un binôme étonnant, qui doit attirer davantage de regards jeunes. Il ne faut pas voir autrement le partenariat également noué pour cette édition avec Tik Tok: pendant toute la durée du festival, le réseau social publiera du contenu exclusif à base d’interviews et de créations réalisées sur place. Une vingtaine de "Tiktokeurs" populaires seront aussi amenés à monter les célèbres marches du Palais des Festivals. Enfin, un concours de courts-métrages de maximum trois minutes verra s’affronter les utilisateurs du réseau sociaux avec, à la clé, 10000 $ de récompense.
3.… sans oublier les cinéphiles
Si quelque chose peut freiner le festival dans son envie de retrouver sa place au firmament, c’est peut-être la raréfaction du… public. Ainsi, en France (mais c’est vrai aussi en Belgique), la fréquentation des salles a baissé de 34,2% depuis janvier, si on compare avec la même période de l’année en 2019 – soit avant la crise sanitaire. Plus embêtant au pays de l’exception culturelle: les seuls films à avoir vraiment tiré leur épingle de ce nouveau jeu, de plus en plus orchestré par les plateformes de streaming, sont les… blockbusters américains. Lesquels ont, paradoxe ultime, ramené vers les salles obscures ces jeunes spectateurs qui, disait-on, n’y reviendraient jamais. Or, Cannes reste un rendez-vous cinéphilique censé donner le "la" de la production. Ou, à tout le moins, mettre en lumière un cinéma différent, qui a besoin de cette exposition. Cette année plus que jamais.
4.Faire sans la Russie (ou presque)
Le 1er mars, l’équipe du festival annonçait qu’aucune délégation russe ne serait accueillie en raison de l’invasion de l’Ukraine. Kirill Serebrennikov, symbole des artistes russes opposés au régime de Vladimir Poutine, y sera finalement pour y défendre La femme de Tchaïkovski , chose qui lui avait été impossible pour ses deux précédents longs-métrages, lorsqu’il avait été interdit de quitter le territoire russe. Parvenu à s’enfuir juste après le début de la guerre, il sera donc à Cannes, et y sera très attendu. Mantas Kvedaravicius n’y sera pas, lui: le cinéaste lituanien a été tué à Marioupol début avril, après y avoir tourné Mariupolis 2 . Un film que sa fiancée est parvenue à monter sans lui, et qui sera projeté, hors compétition mais non sans émotion, sur la Croisette.