Les crevettes brillent à nouveau

La revanche des crevettes pailletées poursuit donc l’aventure, en emmenant cette fois l’équipe dans un pays éminemment hostile à la communauté LGBT…

" Tout de suite, on a eu envie de les faire voyager dans un pays où être gay est compliqué , raconte Cédric Le Gallo. À l’époque, on parlait beaucoup de Bolsonaro alors on a pensé au Brésil. Puis la Russie s’est imposée parce qu’ils ont une loi anti-propagande LGBT. "

Interdiction d’embrasser une personne du même sexe dans la rue, par exemple. Le terrain était donc idéal pour parler d’homophobie.

" La population russe est de plus en plus homophobe, 92% selon un sondage! Ces chiffres sont pires qu’il y a quinze ans parce qu’il y a cette loi. À partir du moment où c’est inscrit dans la loi, ça devient légitime. Je pense que ça a un vrai impact sur une population. En France, le mariage pour tous a permis, à l’inverse, de faire baisser l’homophobie. "

La revanche des crevettes pailletées a donc un côté plus politique que le précédent. Mais le but reste le divertissement et la comédie. Celle-ci arrive d’ailleurs à des moments parfois incongrus. Quand les pauvres crevettes se retrouvent à suivre une cure pour les guérir de leur homosexualité, notamment.

" Elles existent vraiment! Pour le coup ce n’est pas du tout propre à la Russie, ça existe partout dans le monde. En France elles ont été interdites il y a deux mois. En préparant le film, quand on voyait les séquences où ils font des jeux de rôle déguisés, où les coachs ont l’air encore plus gays que les élèves à qui ils sont censés donner des cours de virilité, on s’est dit qu’il y avait matière à faire rire. Même si c’est aussi dramatique. "

Tourné en Ukraine

Forcément, un film aussi ouvertement moqueur envers les homophobes n’aurait pas été bien accueilli en Russie. L’équipe est donc partie tourner en Ukraine, avec des acteurs et techniciens locaux.

C’est la raison pour laquelle une vidéo de soutien aux membres de l’équipe partis au front est diffusée à la fin de chaque avant-première.

" Ils avaient prévu de venir à l’avant-première à Paris, ils étaient très excités de venir voir le film parce que c’est une critique du régime russe. En passant du temps avec eux on se rend compte de la différence avec le peuple russe qui a été très passif ces dernières années, qui a laissé ce dictateur fou prendre les rênes du pays et lui imposer sa loi. Le peuple ukrainien est très différent. Il se rebelle. Ils tiennent à leur liberté parce qu’ils ne sont pas libres depuis très longtemps et ils comptent bien le rester ", analyse le réalisateur.

Selon lui, les acteurs ukrainiens " ont un esprit très crevette " parce qu’ils restent positifs et croient en la victoire. " D’ailleurs ils ont déjà gagné , ajoute-t-il. Poutine pensait prendre ce pays en deux jours et là, on est un mois plus tard, et ils sont toujours là. On est très fiers d’eux et on a hâte de leur montrer le film ", conclut Cédric Le Gallo.

Pendant ce temps-là, les "vraies" crevettes (dont fait toujours partie le réalisateur) continuent à briller en water-polo. Elles ont même enregistré une victoire la semaine dernière.

Comédie de Cédric LeGallo et Maxime Govare. Avec Roland Menou et Geoffrey Couët. Durée: 1h53. Sortie le 13 avril.