Nightmare Alley - Une flamboyante foire aux monstres
Entre une foire aux monstres et le faste de New York, une fable sombre signée par le maître du genre, Guillermo del Toro.
Publié le 18-01-2022 à 17h00
Il aime les marginaux, Guillermo del Toro, les gens bizarres qui ne s'intègrent pas dans le moule. Après avoir imaginé une histoire d'amour entre un monstre aquatique et une femme de ménage muette (La forme de l'eau), il se coule cette fois dans les années quarante, en plein cœur d'une foire itinérante. Le genre d'endroit où on trouve les voyantes, les colosses et autres personnages extraordinaires si chers au réalisateur.
Son héros, pourtant, semble a priori tout ce qu’il y a de plus normal. On lui devine un passé pas très net, mais pas de quoi exciter les foules. Ce type, Stanton Carlisle, rejoint donc les monstres de cette foire qui l’intègrent comme un membre de la famille. Il noue notamment un lien particulier avec la jeune Molly qui tombe amoureuse de lui. Il s’attire aussi les bonnes grâces d’une voyante. À ses côtés, il apprend les ficelles du métier et décide bientôt de partir voler de ses propres ailes.
Un rêve étrange
Le film prend alors une autre tournure. Carlisle débarque à New York avec l’idée de plumer l’élite de la bonne société. Aidé de la fidèle Molly qu’il a entraînée dans sa quête, il divertit les clubs avec ses dons de médium. Un soir, une mystérieuse psychologue lui propose de s’associer, pour aller encore plus loin dans l’art de l’arnaque.
Intriguant, n'est-il pas? Le parcours de ce gars au passé nébuleux, entre les chapiteaux de la foire et les salons feutrés new-yorkais fait l'effet d'un rêve étrange. On voit ce qui a dû plaire à Guillermo del Toro dans Le Charlatan, le roman de William Lindsey Gresham qu'il adapte ici.
Le réalisateur avait de la matière pour exercer son talent pour la mise en scène. Il nous crée une ambiance rétro, à la lumière vacillante d’une lampe à huile. Puis il passe aux boiseries et riches intérieurs, toujours dans des tons sépia qui rappellent les films noirs des années quarante et cinquante.
D’un point de vue esthétique, il n’y a rien à dire. C’est beau, des décors au casting (Bradley Cooper, Cate Blanchett et Rooni Mara, ça ne se refuse pas). C’est du cinéma, du vrai, qui fait voyager dans l’espace et dans le temps.
Ça coince un peu plus du côté du scénario. On sent des longueurs, surtout en milieu de film. On ne sait jamais vraiment où on va et ce rythme lent ne nous aide pas à accrocher. Il faut attendre la fin pour capter les tenants et aboutissants de cette fable noire, dans laquelle la cupidité est sévèrement punie.
Thriller de Guillermo del Toro. Avec Bradley Cooper, Cate Blanchett et Toni Collette. Durée: 2 h 31.