Des acteurs pros du couteau
La comédie romantique "Tendre et saignant" a permis à Géraldine Pailhas de découvrir le monde de la boucherie.
Publié le 17-01-2022 à 06h08
En salles cette semaine, Tendre et saignant pénètre dans le monde des bouchers pour y planter une romance. Charly, rédactrice en chef d'un magazine de mode et fille de boucher y tombe sous le charme de Martial, maître dans l'art de la découpe. Géraldine Pailhas, l'interprète de Charly, y a vu l'occasion d'ouvrir ses horizons.
1. Une comédie romantique L'actrice française a toujours voulu jouer dans une comédie romantique, se mettre dans la peau d'un personnage à la Katharine Hepburn. "Quand j'étais enfant, je rêvais des comédies de Jean-Paul Rappeneau ou de Philippe de Broca, où les actrices parlent à toute vitesse. C'est mon rythme, en fait. Je sais qu'Howard Hawks (Les hommes préfèrent les blondes) demandait toujours aux acteurs d'aller deux fois plus vite. Moi c'est mon truc, j'adore le surrégime. Mais aucun cinéaste n'avait pensé utiliser ça dans un film", s'étonne l'actrice. Son mari, Christopher Thompson a donc corrigé le tir. "Comme on vit ensemble depuis de nombreuses années on en a vu beaucoup. Donc on a beaucoup de références communes. Ça a vieilli parce que la société a changé mais il y a toujours des questions qui se posent sur la place des femmes et des hommes. Toujours des questions qui se posent sur le monde du travail. "
2. Un échange de savoirs "Quand on incarne un corps de métier au cinéma le minimum syndical c'est de faire les bons gestes ", avance Géraldine Pailhas. Heureusement pour elle, tous les bouchers qu'on voit dans Tendre et saignant sont de vrais bouchers. "On était tout le temps dans une forme d'échange d'expérience. Eux nous demandaient de les guider parce que c'est souvent assez compliqué de se positionner face à une caméra. On les a aussi aidés à se désinhiber et à être à l'aise. Eux, de leur côté, on les a appelés à notre secours pour savoir de quelle manière manipuler la viande. C'est une chose de la consommer mais c'est une autre chose de la manipuler. "
Géraldine Pailhas et Arnaud Ducret ont même appris à parler le Louchébem, l’argot utilisé par les bouchers parisiens pour communiquer à l’abri des oreilles de leurs clients.
3. Un mélange entre tradition et modernité Entre le bien-être animal et l'impact écologique de la consommation de viande, voir une boucherie en 2022, ça n'est pas au goût de tout le monde. Le film montre aussi qu'un équilibre est possible entre tradition et modernité. "L'idée c'est de se passer des choses très modernes, de l'abattage qu'on ne veut plus voir, de l'élevage tel qu'on ne veut plus le voir. De préserver les traditions dans ce qu'elles ont de plus éthique. "
4. Une femme dans un monde d'hommes Derrière le billot du boucher, on s'attend généralement à trouver un solide gaillard. Et pourtant, c'est un métier qui est en train doucement de se féminiser. "On a rencontré pas mal de bouchers père et fille. Je suis heureuse de pouvoir contribuer à ce que des jeunes femmes qui ont le désir de faire un métier qu'on pense destiné aux hommes puissent se sentir représentées. Moi ça m'émeut beaucoup les réflexions " c'est pas un métier pour les femmes "". Géraldine Pailhas a d'ailleurs longtemps aimé jouer aux "garçons manqués". "J'ai joué au foot, juré comme un charretier, battu les garçons à la course. Un jour je me suis rendu compte que j'étais une fille et que je devais apprécier d'être une fille aussi. Il fallait que je cesse de ne jurer que par le masculin. Parce qu'on nous raconte que les garçons sont les plus forts, qu'ils vont plus vite donc moi j'avais envie de ça. Mais pour ça il fallait être un garçon. Quelle désillusion!" Elle a donc toujours laissé ses enfants jouer à Spider Man et à la poupée.
Comédie romantique de Christopher Thompson. Avec Géraldine Pailhas et Arnaud Ducret. Durée: 1 h 31. Sortie le 19/1.