Spencer - Trois jours avec Lady Di
Kristen Stewart joue les princesses piégées dans un film soigné, mais qui tient davantage de l’exercice de style que du portrait.
Publié le 14-12-2021 à 17h00
Passer Noël dans un château royal, ça a de quoi faire rêver, non? Oui… Sauf quand on s’appelle Diana Spencer, et que le château est celui de sa célèbre belle-mère…
Flash-back. Nous sommes au début des années 90. Deux enfants et plusieurs désillusions plus tard, plus personne ne croit au mariage de conte de fées entre Diana et Charles, eux les premiers. La princesse a eu vent de la liaison de son mari avec Camilla. Mais les fêtes de fin d’année approchent, et il faut faire bonne figure. Jouer le jeu.
Pendant trois jours, de la veille au lendemain de Noël, le château de Sandrigham est le lieu des festivités. Trois fois vingt-quatre heures de célébrations officielles, de dîners minutieusement préparés, de tenues soigneusement choisies pour chaque occasion.
Bien sûr, toute la famille royale est tenue d’y assister. Et en particulier Diana, dont le comportement attire régulièrement les paparazzis. Dans une tentative de maîtrise du récit officiel, la princesse est surveillée de près par le personnel. Chacun de ses faits et gestes est rapporté, de son choix de tenue à ses crises d’anorexie…
Durant ces trois jours, on suit cette princesse désillusionnée, coincée dans un protocole hypocrite dans lequel elle se sent piégée.
Le cinéaste chilien Pablo Larrain n'en est pas à son premier "biopic", loin de là: avant Spencer, on pense à son Neruda, portrait poétique du poète politicien, mais surtout au sublime et mélancolique Jackie, dans lequel Natalie Portman prêtait ses traits à l'épouse Kennedy. La mise en scène est tout aussi soignée, des grands plans d'ensemble aux petits détails des costumes ou des décors: tout est ciselé à la perfection.
Mais la comparaison s'arrête là, car là où les opus précédents exploraient tout autant la forme que le fond, Spencer semble flotter à la surface de cet univers lustré. Si Natalie Portman disparaissait derrière Jackie, ici Kirsten Stewart, malgré (ou à cause de) son air contrit, n'arrive pas à se faire oublier derrière Diana.
Au final, le résultat ressemble davantage à un exercice de style esthétique qu'à un biopic à proprement parler. On conseille plutôt The Crown pour les détails croustillants.
La scène qui touche
Coïncidence: à quelques mètres du château royal est situé le domaine où Diana passait son enfance. Dans l’épouvantail au milieu du champ, elle reconnaît des vêtements de son père. On devine sa nostalgie pour une époque plus simple, où elle s’appelait simplement Diana Spencer…
Drame/Biopic de Pablo Larrain. Avec Kristen Stewart, Timothy Spall et Sally Hawkins. Durée: 1 h 51.