"Vice": Le diable en idiocratie
Adam McKay tire à boulets rouges sur l’ancien vice-président américain Dick Cheney. Une pure réjouissance.
- Publié le 26-02-2019 à 17h00
Le 11 septembre 2001, alors que les tours jumelles s’effondrent gentiment, Dick Cheney, le vice-président des États-unis, met en place une série de lois qui changeront à jamais la face du monde. La guerre en Irak? C’est lui. L’invasion de l’Afghanistan par les troupes américaines? Lui encore. Aucun vice-président n’a jamais eu autant de pouvoir.
Et pourtant, le type s’est retrouvé là un peu par hasard. Un jour, sa madame lui a mis un bon coup de pied aux fesses. Elle était furieuse que Dickie ait été renvoyé de l’université de Yale parce qu’il avait conduit bourré. Le jeune Dick a donc décidé de s’engager en politique. Pour le même prix il ouvrait un magasin de pêche, comme quoi, l’équilibre du monde tient à peu de chose.
Échelon par échelon, Cheney parvient jusqu’aux plus hautes sphères du parti républicain, poussé par sa femme et la recherche de son petit confort. Les convictions, l’envie de rendre le monde meilleur, toutes ces promesses de concours de miss, il s’en cogne. Dick Cheney aime pêcher, boire et manger, beaucoup. Le reste…
On est mal barrés
L'occasion était trop belle pour Adam McKay, le mec derrière The Big Short. Il profite ici de l'ascension de cet affreux jojo pour croquer les coulisses peu reluisantes du pouvoir. Comme un Michael Moore de la fiction, le réalisateur dresse un portrait à charge de son opulent héros. Le type est un gros beauf qui a réussi à obtenir de George W. Bush le loisir de gérer l'administration, les armées, l'énergie et la politique étrangère, sans compétences particulières. Un type bête et méchant.
On ne joue donc pas dans la cour de la biographie. Ironique jusqu'au cynisme, Vice tape sur ces dirigeants qui se réunissent tranquillement autour d'un bon gueuleton pour décider du sort de la planète. Par la métaphore et l'exagération, il fait réfléchir sur un système entier dont a habilement tiré profit Dick Cheney. On rit franchement, donc, mais en cogitant.
Plus accessible que The Big Short qui nécessitait un doctorat en économie pour en comprendre toutes les subtilités, Vice combine mise en scène inventive et pamphlet acide. Il fait prendre conscience de la folie dans laquelle nous sommes engagés. C'est déjà un sacré premier pas.
Comédie dramatique d’Adam McKay. Avec Christian Bale, Steve Carell et Amy Adams. Durée: 2 h 14.