The Last Face: l’échec cannois de Penn
La sélection au Festival de Cannes est un cadeau à double tranchant. Sean Penn en a fait les frais: hué l’an dernier, son film est finalement sorti hier. Une chance que tous n’ont pas eu…
Publié le 20-04-2017 à 06h00
Pour un réalisateur, voir son film sélectionné au Festival de Cannes, c’est une chance inestimable… du moins jusqu’à la projection, car c’est un cadeau à double tranchant.
Si le film est bien reçu, c'est le début d'une réputation glorieuse qui l'accompagne jusqu'à sa sortie en salles, comme avec Toni Erdmann ou Grave qui ont marqué l'édition 2016. Mais s'il est mal reçu, c'est le début d'un long chemin de croix jusqu'à une sortie timide en salles… voire pas de sortie du tout. Les derniers à avoir fait les frais des huées cannoises sont The Search de Michel Hazanavicius en 2014 (pas sorti en Belgique), The Sea of Trees de Gus Van Sant en 2015… Et The Last Face, le dernier film de Sean Penn, que le distributeur Belga a, après plusieurs dates repoussées, finalement sorti des limbes ce mercredi. En France, où le film est sorti en janvier, les Cahiers du Cinéma en parlaient comme «peut-être le plus mauvais film du monde». Rien que ça.
Qu’est-il arrivé à Sean Penn?
Nous ne sommes pas toujours d'accord avec les Cahiers, mais il faut l'avouer: dégoulinant de clichés sur le «sauveur blanc» d'Afrique, surchargé de musique et avec une narration ampoulée, The Last Face est très mauvais.
Qu'est-il arrivé à Sean Penn, généralement respecté pour son travail humanitaire comme pour ses films (Into The Wild, Crossing Guard)? Interviewé en mai, la tension était palpable quand il s'est expliqué. Sur son choix de se concentrer sur un couple blanc dans un film qui se passe en Afrique: «J'ai été ce couple blanc. Le film est un reflet de mon expérience. Si quelqu'un voit le film en étant fermé à cette idée, il peut aller se faire foutre.»
Échaudé par l'accueil du film, Penn s'est montré amer sur l'état du cinéma (américain) actuel: «J'ai grandi à l'époque dorée du cinéma américain, et je ne retrouve plus cette qualité aujourd'hui. Je pense qu'on a besoin d'outils plus forts que les films en ce moment. Je suis davantage intéressé par une politique dynamique claire que par l'art. L'art, c'est important quand vous avez un abri, à boire et à manger. Mais quand vous êtes sous terre, ça ne compte pas tant que ça.»
Quant à l’idée de refaire un autre film, la réponse a fusé direct: c’est non. Se concentrer sur ses projets humanitaires est peut-être une meilleure idée.
«The Last Face», de Sean Penn. Avec Charlize Theron, Javier Bardem et Jean Reno. Durée: 2 h 20. En salles depuis mercredi.