Amenábar, une fantastique rencontre
Son succès avec «The Others» a définitivementfait de lui un pont entre le film de genre et le cinéma populaire. Rencontre avec le cinéaste international Alejandro Amenábar, au Bifff.
Publié le 10-04-2017 à 06h00
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C'est au Festival international du film fantastique (Bifff) à Bruxelles, événement atypique où le cinéma redevient une expérience collective, que nous avons rencontré Alejandro Amenábar. Il est le réalisateur entre autres de The Others (2001) avec Nicole Kidman et Mar adentro qui remporta en 2004 l'oscar du meilleur film étranger (une broutille à côté de ses huit Goya). Il n'y avait pas de plus belle occasion que le Bifff pour écouter ce cinéaste parler d'horreur, son genre de prédilection.
Honoré par le Bifff, vous avez accepté l’invitation, pourquoi? Vous ne faites pourtant la promotion d’aucun film…
Je vais rarement en festival et encore moins si je n’ai aucun film à y présenter. Mais celui-ci est consacré à un genre important pour moi. J’étais invité depuis plusieurs années, il était temps d’y participer. Et puis, mon frère travaille à Bruxelles et vu l’actualité de 2016, c’est une ville importante pour moi, il fallait que je vienne maintenant plus que jamais.
Le genre fantastique est parfois considéré comme du sous-cinéma et ne trouve pas toujours un large public, ce qui n’est pas votre cas…
Il est parfois sous-estimé pour sa connexion particulièrement directe avec l’audience qui ne permet pas toujours d’exprimer des choses profondes. Quant à moi, il me permet d’explorer intensément l’esprit humain. Cela crée un lien fort avec le spectateur car ça le concerne.
Le succès de vos films – outre leurs acteurs, parmi la crème de la crème! – est dû au fait qu’ils se situent à la limite entre réalisme et surnaturel, non?
Le réalisme ne m'intéresse pas. J'aime jouer avec la réalité, la modifier. Je suis heureux dans la vie mais quand j'écris je la fuis pour explorer d'autres lieux. Ce que j'utilise doit être justifié, c'est-à-dire utilisé comme métaphore ou parce que c'est plausible. Pour Regression par exemple, j'ai fait de sérieuses recherches sur le satanisme, mais ce que j'ai trouvé n'avait rien à voir avec des éléments fantastiques. Il s'agissait plutôt d'éléments liés à la suggestion et au fait que notre esprit peut créer des monstres.
Vos films sont remplis de questions mais jamais de réponses. Le mystère vous attire plus que tout?
C'est le processus de questionnement qui me fascine, plus que les réponses. Enfant, je me suis beaucoup questionné sur la religion, ce qui a mené à The Others. Un film sur l'agnosticisme, qui parle de nos incertitudes quant à notre place dans le monde. Par exemple, quand j'ai commencé à m'intéresser à l'astronomie pour le film Agora, ça m'a émerveillé de voir comment ces scientifiques sont capables de se pencher sur des questions en sachant très bien qu'ils n'auront jamais de réponses. Je veux partager cet émerveillement.