Les leçons du cœur
Ce que ça raconte
Publié le 21-03-2017 à 16h17
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L’un, jeune, vient se présenter à la police finlandaise comme réfugié politique syrien. L’autre, vieux, quitte sa femme alcoolique pour racheter un restaurant miteux et avec lui ses employés amollis. Chacun présente a priori les traits de la réserve: graves et taiseux. Quand ces deux êtres au profil banal se rencontrent, cela donne une histoire imprévisible. Celle pourtant toute simple de l’humanité, celle d’hommes qui aspirent à être bons tandis que d’autres, sans vie, restent cruels.
Ce qu’on en pense
On ne sait pas si Kaurismäki a lui-même accueilli chez lui une famille de réfugiés syriens, ni s’il est bénévole à la soupe populaire. Est-il un meilleur homme que les autres, est-il plus humain? Ça non plus, on n’en sait rien. Ce dont on est sûr, par contre, c’est qu’Aki Kaurismäki est un cinéaste habile et son 17e film est humaniste.
Sans se préoccuper de donner de leçons, il décrit de manière implacable une situation. Avec cet outil de cinéma qu’il maîtrise, sans se placer au-dessus de qui que ce soit, il explique que le réfugié n’est pas un criminel, qu’il n’est pas un profiteur, ni un chien aux abois. Qu’il n’est pas là pour violer nos femmes, ni voler nos voitures, mais qu’il a dû voler de ses propres ailes pour arriver où il est et oser espérer d’être pris sous une autre aile, pour un temps seulement. Kaurismäki raconte cette problématique avec autant de froideur que d’empathie. Avec autant de poésie que de réalisme. Le tout emballé d’une mise en scène millimétrée qui ne fait qu’ajouter du comique de situation à ce film drôle, très très drôle, dont le sujet est triste, très très triste.
Comédie dramatique de Aki Kaurismäki, avec Sherwan Haji, Sakari Kuosmanen et Ilkka Koivula. Durée: 1 h 38.