« Si vous cherchez l’approbation, c’est foutu »
James Gray, le réalisateur de «Two Lovers» revient avec «The Lost City of Z» d’après la vie de Percy Fawcett, explorateur britannique du début du XXe siècle. Un film aux idées modernes sous son aspect classique.
Publié le 16-03-2017 à 05h00
«The Lost City of Z» a des airs de films classique d’aventures: on pense à «Aguirre» ou «Fitzcarraldo» de Werner Herzog… vous aviez envie de faire revivre ce genre?
Oui, j’adore ces films évidemment. Mais j’ai un rapport compliqué avec ce qu’on appelle le cinéma «classique». On me dit souvent que je suis un réalisateur classique, et si vous voulez dire en termes de style, la réponse est oui. Mais je suis un adepte aussi de ce qu’on peut appeler l’approche «moderne».
C’est-à-dire?
Je pense qu'on peut faire un film «classique» dans son style, mais moderne dans son discours. De tout temps, beaucoup d'œuvres ont empêché certains groupes d'être entendus. Je voulais que ce film ait une approche différente sur «les hommes blancs dans la jungle». Je n'ai pas pris Alec Guinness pour jouer le rôle de l'Arabe, en gros! Et pourtant j'adore Lawrence d'Arabie, mais il faut admettre que c'est un choix de casting ridicule.
Quelles idées «modernes» avez-vous voulu introduire?
J’ai voulu que la voix des femmes soit entendue, que les tribus indigènes soient respectées, qu’il y ait une critique de l’hégémonie blanche. Le cinéma est un médium populaire, donc en tant que réalisateur, la question que je me pose toujours est: comment subvertir ce médium populaire? Je pense que la réponse est par le sous-texte. Et pour ce faire, j’utilise la surface classique comme porte d’entrée
Le personnage de Nina Fawcett, l’épouse de l’explorateur incarnée par Sienna Miller, est une femme forte et indépendante. Était-ce pour donner un aspect ‘moderne’au film, où était-elle vraiment comme ça?
Oui, elle était très indépendante. Dans une scène, Nina et Percy se disputent car elle a envie de les accompagner dans la jungle, et lui refuse car il trouve ça ridicule… Mais pour moi au fond, ce qu’elle demande, ce n’est pas de partir; c’est d’être entendue. D’être comprise. J’ai trouvé que c’était une idée très puissante, très humaine, et très moderne, en un sens.
Comment vivez-vous le fait d’être un artiste dans un médium populaire comme le cinéma? Accordez-vous une importance au box-office?
C’est une relation difficile. Bien sûr que j’ai envie que tout le monde voie mes films, que tous les critiques l’adorent, et ça me fait mal quand ce n’est pas le cas. Mais ça ne peut pas être la raison pour laquelle vous faites ce job. Si vous avez besoin d’approbation, c’est le début de la fin. C’est de plus en plus difficile pour les œuvres personnelles de se faire une place dans le cinéma populaire américain, où tout le monde fait des films de super-héros. Mais à un moment je dois essayer de faire quelque chose de différent!