T2 Trainspotting: junkie un jour, junkie toujours
Vingt ans plus tard, les Écossais drogués reviennent dans une suite survoltée, en deçà du premier volet, tout en conservant «l’esprit Trainspotting».
Publié le 28-02-2017 à 18h45
En 1996, nous quittions Mark Renton, ex-junkie, prêt à devenir comme tout le monde, voiture, job, famille, assurance dentaire et écran de télévision. Vingt ans plus tard, Danny Boyle offre une suite à son cultissime Trainspotting, le film qui l'a révélé, en même temps qu'un certain Ewan McGregor. Un ovni nerveux, une course-poursuite sous coke qui suivait le quotidien d'un groupe de potes accros à la piquouse.
Grosse pression, donc que de toucher à un objet adulé, après une période aussi longue. Certains ont fini sur le bûcher pour moins que ça. Heureusement, l’ami Danny s’en sort avec panache. Certes, ce deuxième volet ne parvient pas à retrouver la fraîcheur du premier, mais il poursuit intelligemment les chemins des quatre gaillards écossais, pour les conclure sans trop de casse.
Le retour du traître
Spud, Renton, Sick Boy et Begbie ont vieilli, forcément, mais pas vraiment changé. Le brave Spud n’est jamais parvenu à décrocher de l’héroïne. Marié à Gail, il fait la honte de son fils, Fergus. L’agressif Begbie a lui fini au trou, quand Sick Boy monte des arnaques pour faire chanter de riches pontes.
Renton, enfin, s'est barré avec le fric que le groupe avait gagné en dealant, pour s'installer à Amsterdam. De retour à Édimbourg, nostalgique, il veut renouer avec sa jeunesse. On vous le donne en mille, les copains ne sont pas contents. Trainspotting 2, joue donc évidemment sur la confrontation entre Renton le voleur et les trois autres, furieux de s'être fait ainsi entuber.
Madeleine mélancolique
La caméra toujours imprévisible et épileptique révèle des personnages qui n’en ont pas fini avec leur passé. Alors que le premier interrogeait furieusement la société sur les opportunités offertes aux jeunes dans un contexte économique décadent (déjà), le second fait le bilan. Et c’est pas joyeux.
Vingt ans plus tard, les adultes que sont devenus les ex-junkies sont loin de prétendre à la vie parfaite. On retrouve cette vision du monde désenchantée, dans lequel l’amitié triomphe parfois, mais pas toujours.
Malgré ce vague à l’âme, Danny Boyle n’en oublie pas l’humour. Une légèreté liée, notamment, au plaisir de retrouver les acteurs dans ces rôles de bras cassés à l’accent tout droit sorti d’un pub écossais. Et de jouer à fond la carte du souvenir. Le film ne se défait jamais de cette nostalgie.
Bourrée de références au premier, cette suite est clairement destinée aux fans. Par flash-back, superposition ou utilisation subtile de la musique, tout nous replonge dans le précédent. En ajoutant une dimension, celle de la vieillesse, à un moment où les opportunités se font de plus en plus rares. Sans égaler le premier, T2, en conserve l'énergie. Quelques fulgurances permettent à cette comédie mélancolique flirtant avec la nervosité du thriller, de sauver sa peau, sans atteindre l'overdose.
Drame de Danny Boyle. Avec Ewan McGregor, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle et Ewen Bremner. Durée: 1h57.