Claude Lelouch, l’éternel amoureux
Il était censé venir à Bruxelles, mais le niveau 4 l’en a empêché. Au téléphone, pour oublier la terreur, Claude Lelouch nous a parlé d’amour.
Publié le 07-12-2015 à 05h00
Votre nouveau film «Un + Une», parle, comme les précédents, d’amour et des relations compliquées entre hommes et femmes, notamment sur la question de la fidélité…
Vous savez, on est fidèle tant qu’on n’a pas trouvé mieux. C’est ça qui est terrible.
Pensez-vous, comme le romancier Nicolas Rey, que «la fidélité est une vertu qui s’exerce par défaut»?
Non, mais ça nous oblige à être très bons. C’est un gros travail, une histoire d’amour, c’est une compétition. C’est comment arriver premier dans le cœur de quelqu’un sur sept milliards d’individus. C’est le moment où on est capable d’aimer quelqu’un d’autre plus que soi-même.
C’est ce que dit le personnage de Jean Dujardin dans le film…
Oui, et c’est ce que j’ai voulu dire avec ce film. J’ai voulu faire le point sur les histoires d’amour aujourd’hui, entre deux adultes qui savent de quoi ils parlent. Et je fais le portrait de deux couples qui s’aiment très fort, donc je montre qu’on n’est pas protégé parce qu’on est amoureux. C’est pour ça que l’amour a tant de succès, et que c’est aussi merveilleux quand ça marche (rires).
Vous qui parlez d’amour depuis des décennies, avez-vous l’impression que le rapport au couple, à la fidélité et à l’amour, a changé en 50 ans?
Oui, les rapports homme-femme ont terriblement changé, la méfiance s’est installée. Sûrement à cause des hommes d’ailleurs, parce qu’on a tellement déçu les femmes qu’elles sont méfiantes à notre égard, et elles n’ont jamais été aussi méfiantes qu’aujourd’hui. Les femmes ont inventé l’amour, et nous les mecs, on n’est pas à la hauteur de cette invention sublime. Quand les femmes s’engagent dans une histoire d’amour, c’est leur vie qui est en jeu. Nous, c’est une nuit. Donc on a besoin encore de faire des gros progrès!
Vous pensez que les hommes ont plus de mal à pardonner les femmes infidèles, comme Lino Ventura dans votre film «La Bonne Année»?
Oui, parce que depuis des siècles, on nous a expliqué qu’une femme qui trompait était une pute, alors que pour nous c’était «normal». Mais je suis d’avis qu’il ne faut rien s’interdire, sauf quand on en a envie. Si vous vous interdisez de tromper quelqu’un, et que vous y trouvez du plaisir, à ce moment-là c’est la plus belle des déclarations. Si vous trompez et que vous le dites, c’est pas vraiment tromper (rires)!
Êtes-vous amoureux en ce moment?
Oui, je suis amoureux d'une femme avec qui je vis depuis un certain temps, avec qui j'ai écrit d'ailleurs le scénario de ce film (NDLR: la romancière et scénariste Valérie Perrin). Guitry disait: «L'important, c'est de trouver sa veuve.» J'ai peut-être trouvé la mienne (rires).